Blog mode d'emploi :

Ce site se veut interactif. Créé par APIS dans une logique participative, il est ouvert aux contributions des salariés de Mondi et de Lejaby qui vont progressivement faire eux aussi des textes, des photos pour illustrer le quotidien de leurs luttes. Pour les soutenir ou faire leurs propres propositions, les lecteurs peuvent apporter des commentaires. Pour cela il vous suffit de cliquer sur le titre d'un article. Celui-ci apparaitra alors sur une nouvelle page. Au bas de l'article un écran permet au lecteur de rédiger son commentaire qui est immédiatement publié.
Un bon moyen pour encourager les Lejaby et les Mondi dans le bras de fer contre leurs patrons et pour les soutenir et les accompagner dans la reconversion professionnelle à laquelle ils seront obligés. Une possibilité aussi pour les joindre et leur communiquer offre d'emplois, propositions de coups de main, messages de sympathie etc..."

Merci d'avance pour eux

jeudi 21 octobre 2010

Mondi: négociations difficiles - bourse toujours en hausse

MONDI

( LSE: MNDI.L / ISIN GB00B1CRLC47 )
Dern. Cours:557,50 p
Heure:17h35 le 21/10/2010
Variation:Up 7,00 (1,27%)


Var. Jour:549,00 - 562,00
Var. sur 1 an:366,30 - 551,00



MONDI (MNDI.L)




Cliquetez sur code invalide et
vous découvrirez le cours du jour














Y a-t-il un pilote d'ans l'avion?
Les Mondi désespèrent de trouver de vrais interlocuteurs pour avancer dans les négociations. Dans ces conditions les appuis trouvés auprès des élus de tout bords sont certes réconfortants mais malheureusement stériles, faute de trouver du répondant et une capacité à négocier!

Pendant ce temps le cours en bourse de l'action Mondi ne cesse de crever le plafond du plus haut. Depuis le 21 septembre, le titre à progressé de plus de 10%. La finance n'a pas de morale. Nous le savions déjà, mais c'est très difficile à digérer dans un climat social, chez les Mondi comme au global, où l'accès à l'emploi est si difficile et les rémunérations tellement étriquées.

Le Teil: soirée de soutien aux Lejaby



Jeudi 21 octobre, près de 130 personnes sont réunies à la salle des fêtes du Teil pour une projection publique du film "Entre nos mains".

C'est la municipalité du Teil qui a souhaité cette rencontre autour de l'histoire filmée des ouvrières de Starissima, société de fabrication de lingerie en dépôt de bilan, dont les ouvrières ont examiné la possibilité de reprendre l'activité en société coopérative. Ce projet de SCOP auquel la totalité des salariées s'était finalement ralliée, n'a pas pu finalement voir le jour. Peu de temps avant la décision du tribunal, la défaillance d'un gros client et le déséquilibre du carnet de commande ont obligé à l'abandon d'un projet qui avait su rassembler les travailleuses autour d'une équipe de cadre pour un possible redémarrage.

Une belle page de l'histoire de ces femmes qui on su trouver l'élan pour rebondir et sont sorties grandies de leur lutte. Une démonstration pleine d'actualité des rapports de domination que le patronat persiste à faire supporter aux salariés, mais démonstration à l'inverse de la détermination des salariés à ne plus se laisser faire face à des patrons qui préfèrent casser l'outil que de laisser aux mains des salariés. "Patrons voyous" disait récemment Anne-Marie Rème-Pic conseillère générale de la Drôme dans un article de la Tribune au sujet des Mondi. Le terme est semble-t-il ici bien adapté.

Mais après le film la réalité locale reprend ces obligations.
Demain retour à l'atelier pour travailler. Les patrons de Lejaby venant de se voir obligés de reprendre la procédure à zéro, les licenciements sont formellement à ce jour annulés. Le siège de Rillieux s'est donc empressé de faire passer des commandes qu'il faut honorer. Au boulot donc à nouveau, dans l'attente du nouveau calendrier de négociation que la direction n'a même pas été capable de proposer au CCE qui s'est tenu hier.

La situation n'est pas facile pour les filles. C'est les montagnes russes au niveau du moral! ça monte, quand elles occupent et gagnent, et puis ça baisse quand il faut reprendre le boulot alors que dans les têtes elles étaient déjà presque dehors.
Dur, dur de garder les idées claires et de continuer à se battre pied à pied. Car elles ne se font guère d'illusions. La détermination à fermer reste là. Il va falloir renégocier. Le patron aura-t-il l'audace de remettre en cause les accords passés en présence de la direction régionale du travail? La question taraude un peu les esprits. Tous les coups semblent permis. Comme dit une salariée de Starissima dans sa langue africaine d'origine, citant un dicton de son pays "Le serpent est toujours dangereux! Même mort le serpent est dangereux!".
Souhaitons ne pas être de mauvaise augure et que les quelques mois de gagnés permettront aux salariées de mieux préparer l'avenir professionnel de chacune, isolément ou pourquoi pas collectivement pour certaines au moins.

Quoi qu'il en soit les filles du Teil se doivent prendre leur avenir en main car les patrons le Lejaby ont déjà montré qu'elles n'ont rien à attendre d'eux sur ce point. Exigez donc le temps de préparer vous même votre avenir!

mercredi 20 octobre 2010

La lutte quand même


C'est le titre du bel article réalisé par Olivier Millot et Isabelle Poitte dans Télérama de cette semaine (n° 3170 du 16 au 22 octobre) pour illustrer le téléfilm "Les Vivants et les Morts " "fresque sociale vibrante où des ouvriers (et des ouvrières ndr) luttent pour ne pas perdre leur dignité en plus de leur travail ".

Isabelle Poitte est venue voir les filles du Teil le 4 octobre pour parler de cette série télévisée écrite et tournée par Gérard Mordillat, dans une approche où l'auteur sait bien traduire ces histoires d'hommes et de femmes du monde ouvrier "qui vivent, s'engagent se battent et s'aiment" pour la défense de leur boulot.

Dans un grand article elle raconte sa visite et ses rencontres avec une dizaine des salariées du site. Vous les verrez: elles sont en pleine page pour illustrer l'article qui fait la une de cet hebdomadaire, spécialiste et référence en matière de télévision. Vous y retrouverez Bernadette, Jocelyne, Christine, Nathalie et Eladia notamment qui racontent leur lutte et leurs réactions après avoir visionné la série.
"Peut être que si on nous avait filmées, comme dans la série, au jour le jour, il y aurait aussi matière à faire un film, plein de petites histoires à raconter..." conclu l'article en reprenant les paroles de Bernadette.

Un film du suivi au jour le jour d'une lutte de travailleuses
, nous pourrons tous en voir un ce soir jeudi au Teil (cf article précédant le 8 octobre) dans une soirée de soutien aux Lejaby. "Entre nos mains" c'est la lutte des Starissima pour tenter de sauver leur entreprise près d'Orléans. Elles vont envisager de reprendre la boîte en société coopérative, c'est à dire en devenant leur propre employeur.

C'est cette aventure que vous êtes toutes et tous invités à découvrir en venant du même coup soutenir les filles du Teil. A ce soir à 20h 30 au Teil Salle Paul Avon .

mardi 19 octobre 2010

LEJABY Le plan de restucturation annulé au tribunal.


Le tribunal de Lyon a considéré ce jour que la direction de Lejaby avait "fait preuve d'un comportement déloyal" en dissimulant certaines informations.
Le groupe autrichien Palmers Textil, propriétaire de Lejaby, venait d'engager une action en justice contre l'ancien propriétaire, le groupe américain Warnaco en n'en n'a pas informé le CCE au moment de ses décisions de licenciements.

Le tribunal exige donc que la procédure soit reprise en information comme pour consultation.
Un nouveau délai bienvenu pour des salariées satisfaites que la justice passe.
Mais la décision de fermeture reste définitive comme la direction les en avait informé dès avant la décision du tribunal.

Le CCE se réunira à nouveau le jeudi 21 octobre, pour décider de la marche à suivre.

Pour écouter la réaction de Brigitte Figueroa salariée à Bellegarde, sur RTL, allez là
http://www.rtl.fr/actualites/article/annulation-du-plan-de-restructuration-de-lejaby-7631262268


samedi 16 octobre 2010

"Pan sur le bec !" à propos de la manif du 12 octobre



Certains éléments d'informations m'ont été communiqués depuis qui me permettent de rectifier les propos que j'ai tenu sur ce blog dans l'article à propos de l'accord signé chez les Mondi. En effet, n'ayant pas vu le 12 octobre de cortège organisé des Mondi et des Lejaby, contrairement à la manifestation précédente, j'évoquais une possible démobilisation des Mondi.

Dans les faits, ceux-ci ont tenu ce jour là une AG, juste avant la manif, pour présenter les résultats des négociations de la veille. A la fin de leur réunion ils sont partis rejoindre la manif "à la bourre" et dans l'urgence personne n'a vérifié qui emportait les banderoles...qui sont finalement restées stockées à l'usine! De plus, alors qu' habituellement une place était réservée en tête de manifestation aux salariés en lutte, cet aspect des choses n'avait pas été prévu cette fois-ci. Ce qui fait que les Mondi de l'Homme d'Armes comme d'Aoust sur Sye étaient bien là, en grand nombre, mais dispersés au milieu des très nombreux participants.
Voilà! Il fallait que cela soit dit. Et selon la formule consacrée du Canard Enchaîné "Pan sur le Bec !" pour le journaliste-citoyen qui est allé trop vite en besogne dans ses commentaires, sans avoir recueilli toutes les informations nécessaires.

mercredi 13 octobre 2010

Mondi: au Forum pour l'Emploi







Pose déjeuner pour les représentants de Mondi venus participer au Forum pour l'Emploi

Mondi: à la recherche d'un travail


Les Mondi se sont invités au Forum pour l'Emploi de Montélimar organisé cette année par la Sésame. Une pièce annexe a été mise à leur disposition un peu a l'écart des stands. De là ils peuvent aller à la rencontre de tous les employeurs venus ici venter les mérites de leur entreprise et recueillir les CV des candidat(e)s qui viennent les visiter.

Martine
, un grand cahier à la main fait consciencieusement le tour de tous les stands. Elle pourra ainsi rapporter et faire passer les informations à celles et ceux des Mondi qui n'auront pas osé faire le pas et venir ici voir s'il y a une opportunité pour l'avenir. Merci à elle!

MONDI: accord trouvé chez eux aussi!

Mardi 12 octobre les Mondi étaient présents à la manifestation à Montélimar, mais en ordre dispersé. Le matin même les représentants du personnels venaient de leur annoncer l'accord trouvé la veille avec le directeur du personnel après une journée de négociation marathon. Un accord paraphé Christophe Cailteaux DRH et par l'ensemble des représentants du personnel.
Pour les 125 licenciés, un système de prime forfaitaire unique par tranche d'âges a été obtenue en extra légale. Elle viendra s'ajouter au minimum prévu par la loi et la convention collective.

Le montant de la prime:
de 0 à 4 ans 25 119 € net concerne 15 personnes
de 5 à 9 ans 30 701 € 16 personnes
de 10 à 14 ans 36 283 € 12 personnes
de 15 à 19 ans 41 865€ 31 personnes
plus de 20 ans 47 447€ 51 personnes

Pour la prime légale, y compris dispositions de la convention collective nationale de la transformation du papier et de la cellulose du 16/02/1988
de 0 à 1 ans pas d'indemnisation
de 2 à 5 ans 1/5 de mois par année (au delà de la 1ère)
de 6 à 15 ans 1/4 de mois par année d'ancienneté
plus de 15 ans 1/4 de mois par an majoré de 10%
pour les plus de 50 ans la majoration est portée à 25%
pour les plus de 55 ans la majoration est fixée à 20%

Pour le taux légal minimum voir la page web
http://www.travail-solidarite.gouv.fr/informations-pratiques,89/fiches-pratiques,91/licenciement,121/l-indemnite-legale-de-licenciement,1114.html

Est-ce l'annonce du montant global des primes à toucher qui a démobilisé les Mondi? auraient-ils oublié que si leur lutte est aujourd'hui gagnante, celle pour les retraites se poursuit et les concerne comme leurs enfants et leurs petits enfants. Et si la lutte à payé pour eux, pourquoi ne payerait-elle pas aussi un jour pour toutes les femmes et les hommes qui font actuellement le sacrifice, journée d'action après après journée d'action, d'une part de leurs salaires pour défendre les acquis de leurs parents et grands-parents? Allez les gars! tous ensemble, oui tous ensemble! et puis faites gaffe la somme semble belle mais si le travail ne revient pas elle rsique d'être vite croquée!
Enfin, il faut prendre le temps de digérer et la solidarité retrouvera sans doute ses forces.
En tout cas, à bientôt de vous revoir au coude à coude dans les cortèges! c'était sympa , ça donnait envie de vous soutenir et de se battre à vos côtés!

Délocalisation:on peut aussi en rire!


Dessin réalisé pour les Lejaby par un dessinateur amateur ami et soutien de leur lutte

LEJABY: détails d'un accord


L'occupation des locaux du siège s'est achevée par la signature d'un accord entre la direction et les représentantes des salariés, accord obtenu avec la médiation de la direction du travail.

Entre la proposition initiale présentée par les dirigeants lors des premières négociations et l'accord convenu l'écart va presque du simple au double: de 7 000€ + 350€ par année de présence, la proposition finale se monte à 15 000€ pour toutes et 600€ par mois de présence pour les 5 premières années et 500€ par mois pour les années suivantes.
A minima c'est 10 000€ pour les plus jeunes arrivées et 21 500€ pour les plus anciennes qui se sont ajoutés aux propositions initiales. La lutte paie ...et le patron paiera un peu plus!
Ces primes (en brut) feront l'objet d'une retenue de 8% pour payer la CSG et le RDS qui sont dûs. A la somme finale s'ajoutera la prime légale qui va de 3 000€ (pour 10 ans d'ancienneté) à 18 000€ (pour 40 ans de présence) et sur laquelle il n'y aura pas de retenus.
Le total des sommes versées (en brut) ira de 23 500€ pour 10 ans de présence à 53 500€ pour 40 ans d'ancienneté.

Des sommes importantes, à comparer cependant avec le salaire moyen mensuel et avec la probabilité de retrouver ou non facilement un emploi. Avec le plan et le congés de reclassement qui autorisera 9 mois de recherche d'emploi rémunéré à 90% du net, les salariés de Lejaby disposeront d'une réserve pour chercher une solution professionnelle adaptée à chacune. A moins que la vision du film "Entre nos mains" ne suscite quelques vocations et l'envie de se lancer collectivement dans l'aventure d'une poursuite d'activité sous des formes encore à préciser. C'est certainement dès à présent maintenant qu'il faudrait y penser...
La suite dans les prochains jours.

mardi 12 octobre 2010

Mardi 12 Nouvelle journée d'action nationale

Aujourd'hui à nouveau les salariés du public et du privé se retrouvent au coude à coude dans la rue pour dire non à une réforme injuste des retraites que le gouvernement veut imposer. Le Sénat examine à marche forcée le texte pour montrer qu'il n'est plus possible de reculer. La situation à 12h semble montrer une forte mobilisation qui ne faiblit pas. Manifestation ce jour à 14h30 à Montélimar

Mondi:
vu le cours de la Bourse de l'action.
Il a atteint hier son plus haut depuis 3 ans à 545 + 200 points depuis le 1er janvier 2010, soit 58% en plus pour les actionnaires en 9 mois. Un beau bébé... dans le dos des salariés.
La crise n'est vraiment pas là pour tout le monde!

Pour voir les variations de cours depuis 2007 allez ici:
http://fr.finance.yahoo.com/echarts?s=MNDI.L#chart15:symbol=mndi.l;range=20070702,20101011;indicator=volume;charttype=line;crosshair=on;ohlcvalues=0;logscale=on

En regardant les statistiques de visites du blog je constate qu'aujourd'hui une agence internet de Tunis et une société de Beyrouth au Liban sont venus nous visiter. L'internationalisation de l'information est vraiment d'actualité.

lundi 11 octobre 2010

Vu dans la presse

N'ayant pas encore eu de contact direct avec les salariées du Teil, avant la manifestation de demain au cours desquelles elles seront peut être présentes à Montélimar, je recherche des précisions sur l'accord passé voila maintenant presque 15 jours.

Je tombe sur ces articles du Progrès et le L'Humanité, repris par le site de soutient aux luttes Mille Babords (http://www.millebabords.org/spip.php?article15105) que je fais figurer, non pas pour raviver de possibles désaccords si la fin de l'occupation a pu en causer entre les salariées, mais pour garder mémoire de ces moments forts de la lutte et de leurs contrastes.

Amertume ou non, le combat n'est pas terminé. Si un protocole a été passé sur le montant des primes de licenciement, le volet social du plan restait encore à préciser. Et il sera déterminant pour permettre un accompagnement à la hauteur des difficultés auxquelles les salariées et particulièrement du Teil peuvent s'attendre pour retrouver un emploi.

Et puis quel devenir pour les locaux et le parc des machines qui ne paraîssent pas le souci majeur de la direction mais représentent un outil de travail peut être réutilisable à l'heure où d'autres parlent de re-localisation de la production.

Là encore il va falloir réfléchir à l'avenir.


Le Progrès de Lyon: L'amère fin de conflit des ouvrières de Lejaby

publié le 30.09.2010 04h00


Les ouvrières qui bloquaient l'entrée de l'usine depuis quinze jours ont levé le camp hier  / Joël Philippon

Un protocole d'accord sur les primes de départ a permis hier la fin du conflit chez Lejaby. Le blocus du siège de Rillieux a été levé hier après-midi. Le travail reprendra demain

Il n'y a plus personne devant le siège de Lejaby à Rillieux. À 16 heures hier, un camion, le troisième depuis le début de l'après-midi, franchit librement le portail d'accès. Les livraisons ont repris. Fin de quinze jours de blocus : la grève est terminée chez le fabricant de lingerie après le protocole d'accord signé dans la nuit avec la direction grâce à la médiation de l'État. 80 % des occupantes du site ont approuvé ce texte entre midi et deux. Puis elles sont reparties aussitôt dans leurs familles, après avoir brûlé les marionnettes des trois responsables de l'entreprise plantées sur la pelouse. « Tout le monde s'est en allé comme une volée de moineaux », déplore l'une des deux ouvrières encore présentes sur le site en fin d'après-midi, et qui l'a « en travers de la gorge ». Elle fait partie des salariées de l'usine de Bourg-en-Bresse qui n'ont pas voté pour le protocole. Sa collègue Christelle aussi. « Il y en a qui ont pleuré tout-à-l'heure. J'ai les boules. On aurait pu tenir cette occupation une semaine de plus. Les primes qu'on nous donne, il aurait fallu que ce soit les mêmes sommes, mais net, pas brut. Parce qu'on perd notre travail. Moi, je vais essayer de faire une formation pour travailler dans les crèches. Mais si ça n'aboutit à rien… » Sa collègue est à deux ans de la retraite : « Je suis aphone, fatiguée, j'en ai ma claque. C'est pas cher payé pour avoir donné tout ce qu'on a donné. C'est dégueulasse : combien ils gagnent les actionnaires ? Si ça se trouve, ils touchent par mois ce qu'ils nous donnent en primes de départ. On va pas s'agenouiller pour leur dire merci, surtout qu'on bosse déjà avec des cadences infernales. » « Du Lejaby, j'en rachèterai pas, j'irai dans les supermarchés », tonne Christelle, qui doit se faire prier par sa collègue pour rentrer dans l'Ain : « Tout part à l'étranger, s'énerve-t-elle. La France, c'est le monde à l'envers ». Du bâtiment de Lejaby sort alors l'élue CFDT Nicole Mendez, qui joue la solidarité syndicale. « On a cédé ensemble dans les négociations. On n'a pas les deux ans de salaires qu'on demandait. Il n'y a aucune concession sur l'emploi et je m'inquiète pour l'avenir industriel de Lejaby en France. Au nom de l'emploi, c'est une défaite. Comment les filles vont faire pour retrouver du travail ? Je me fais beaucoup de soucis. Les responsables politiques ne nous soutiennent pas assez. Ils doivent empêcher les délocalisations ! » « Le positif, c'est que le protocole d'accord permet de sortir du conflit. Mais la bataille de l'emploi, on l'a perdue » reconnaît, quelques mètres plus loin, la déléguée CGT Janine Caillot. Avec d'autres, elle fait place nette dans le préfabriqué qui servait de réfectoire à la centaine d'occupantes. Sur la pelouse, seuls restent plantés les drapeaux orange de la CFDT. « Je les laisse volontairement », dit Nicole Mendez. « Moi, je considère que je suis encore en conflit ».

Nicolas Ballet

Ce que prévoit le protocole d'accord signé avec les syndicats

Il a fallu de très longues négociations pour en arriver là. À 1 heure du matin, hier, et grâce notamment à la médiation du directeur régional de la Direccte, Michel Delarbre, syndicats et direction ont fini par s'entendre sur un protocole d'accord : il prévoit des primes de départ de 15 000 euros brut par salariée licenciée, plus 600 euros brut pour les cinq premières années de présence, et 500 euros au-delà. Les jours de grève à compter du 16 septembre seront payés et la reprise du travail est prévue demain. La direction a consenti un effort (elle proposait jusqu'ici 12 500 euros de prime de départ, plus 420 euros par année d'ancienneté). « Mais on est loin de deux ans de salaires qu'on réclamait et notre demande de fusion des ateliers de Bourg et Bellegarde n'est pas retenue », souligne Nicole Mendez. « Le protocole d'accord prend en compte la situation des salariés et celle de l'entreprise », rétorque le président de Lejaby, Raymond Mahé, qui nous a reçu hier après-midi dans son bureau. « Quant à garder le site de Bourg, cela aurait été renoncer à la moitié des efforts prévus par ce plan » insiste-t-il. Le plan social prévoit 197 suppressions de postes (un tiers de l'effectif) à partir de mi-novembre, avec la fermeture de trois usines (Bellegarde et Bourg dans l'Ain, Le Teil en Ardèche). Un comité central d'entreprise se tiendra aujourd'hui au siège de Lejaby pour fixer notamment les modalités du reclassement interne et externe.

N. B. Le Progrès Lyon


Vu sur le site de l'Humanité

http://www.humanite.fr/29_09_2010-l...

Entamé il y a deux semaines, le blocage du site de Lejaby à Rillieux-la-Pape, près de Lyon, a été levé ce mercredi 29 septembre. Direction et syndicats du fabricant de lingerie ont conclu un accord dans la soirée de mardi.

L’accord sur les primes de licenciement a été soumis au vote des salariées mercredi. "Sur 147 votants, il y a eu 118 pour, 26 contre et une abstention", a indiqué à l’AFP Nicole Mendez, déléguée du personnel CFDT. "Nous allons lever le blocage" à partir de 14h, a-t-elle précisé.

L’accord prévoit 15 000 euros d’indemnité supra-légale par salariée licenciée, assortis de 600 euros par an pour les cinq premières années d’ancienneté, puis 500 euros pour les années suivantes. "Et la direction paiera les jours de grève", a ajouté Mme Mendez.

jeudi 7 octobre 2010

Un dossier entre de bonnes mains?






Le ministre aura le dossier ...ca s'est sûr!

Les Mondi s'invitent à la visite du Secrétaire d'Etat



A 15h 30 aujourd'hui jeudi 7 octobre, Laurent Wauquiez Secrétaire d'Etat en charge de l'Emploi était de passage à Pôle Emploi Montélimar pour prendre le pouls de la nouvelle institution, de ses utilisateurs et de ses salariés.


Les Mondi se sont invités pour venir remettre leur dossier et demander à ce qu'il soit étudié. Chrirstian Avazeri, chef de cabinet du Secrétaire d'Etat, est venu les voir et est reparti avec, en main propre, leurs demandes, promettant de les étudier avec soins.




les horaires du film

Entre nos Mains

du 21 au 25 octobre cinéma Regain au Teil

Cinéma du Teil: soutien au Lejaby





Une soirée cinéma en soutien aux Lejaby. Le film "Entre nos mains" (voir ci-dessous) sera projeté exceptionnellement dans la salle Paul Avon à 20h 30 puis sera repris dans la salle du cinéma le Regain les jours suivants (voir photo ci-après).
Une belle occasion de se nourrir de la lutte des autres pour enrichir les combats d'ici.

Les salariées de Starissima rachètent leur entreprise et font un film

photo la reprise en Scop de Starissima

par les salariées de cette entreprise de lingerie

Hier en revenant vers Montélimar dans la voiture j'écoutais comme souvent l'excellente radio de service public qu'est France Inter.

Ce soir là entre 20h et 21h la journaliste Kathleen Evin, dans son émission L'humeur Vagabonde", recevait Mariana Otero une cinéaste pour son dernier film "Entre nos mains" qui sort cette semaine dans les salles.

Elle a suivi les salariées de l'entreprise Starissima en liquidation qui ont décidé de reprendre leur entreprise et la transformer en SCOP pour sauvegarder leurs emplois.

En plein dans l'actualité de la lutte des Lejaby et aussi pourquoi pas des Mondi!

extrait du site internet de France Inter qui présente l'émission

mercredi 6 octobre 2010

Mariana Otero

pour « Entre nos mains », sortie en salles ce jour

Rester zen, même quand on tremble de peur pour l’avenir, mais ne pas baisser sa garde même quand on vous jure que le serpent est bien mort…La sagesse africaine s’adapte plutôt bien à nos climats. Cette ouvrière de l’usine Starissima exprime ainsi en raccourci l’état d’esprit des salariées de cette fabrique de lingerie féminine à qui un groupe de cadres propose de participer à un projet de SCOP pour reprendre leur entreprise en dépôt de bilan. Tentant, évidemment, lorsque la fermeture est annoncée. Mais terrorisant lorsqu’il faut se lancer dans l’inconnu en y risquant au moins un mois de salaire.

Mariana Otero a tourné en 2009 près d’Orléans l’histoire de cette poignée de femmes en rebellion contre la fin programmée de leurs emplois. Au départ méfiantes, intimidées, inquiètes, ces ouvrières ont majoritairement décidé de s'investir dans un projet de coopérative pour tenter de faire vivre leur entreprise. Au fil des mois on les voit découvrir ce que signifie cette mise en commun de leurs espoirs et de leurs expériences. « Entre nos mains » qui est sorti aujourd’hui dans les salles est le récit de cette aventure, filmée à exacte hauteur de femme. Et Mariana Otero est, ce soir, l’invitée de l’Humeur Vagabonde.


A cette adresse vous pouvez aller écouter l'émission jusqu'au 6 novembre

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/humeurvagabonde/


La mobilisation paie: les Lejaby montrent la voie!

Mon absence pour une dizaine de jours m'amène à retrouver une situation bien différente de celle de mon départ.
Un message reçu sur mon téléphone "La grève des Lejaby à pris fin aujourd'hui à 14h Le Teil" m'indiquait que l'occupation des locaux avait pris fin. Merci pour le texto.
En arrivant hier, tard dans la soiré,e j'ai trouvé dans la Tribune de la semaine dernière les principaux éléments de la situation chez les Lejaby comme chez les Mondi.

Lejaby: l'occupation a payé!
Par leur action déterminée les salariées de Lejaby ont créé un rapport de force qui a fait progresser notablement les négociations. Selon La Tribune un accord a été trouvé dans la nuit de mardi 28 à mercredi 29 septembre. La prime extra-légale est portée à 15 000 € pour tous plus 500 euros par année de présence porté à 600 € pour les 5 premières années. Le ministre de l'industrie Christian Estrosi a chargé le préfet de Région d'une médiation, ce qui a réjoui les président de la Ré&gion JJ Queyranne qui espère des réponses concrètes auxquelles la Région est prête à s'associer. Espéront maintenant que l'on va passer rapidement des paroles aux actes.

Mondi: négociations bloquées!
Les Mondi étaient eu aussi en négociation à Lyon ce même mardi. Mais là ce fut une autre histoire!
D'abord l'expert comptable mandaté par les CCE a démontré, chiffres en main, que la raison économique mise en avant pour justifier des fermetures n'existait pas vraiment. Ensuite le CCE découvrait les propositions du patron en matière d'indemnisation. Et là le compte n'y est pas du tout selon les salariés: 5 mois en tout et pour tout pour chaque salarié licencié. "On nous propose une indemnité misérable avec une prime dérisoire..." Les représentants des salariés ont quitté la table des négociations en exigeant des propositions sérieuses et en envisageant des actions en justic esur les points qui le permettent. Chaude ambiance donc.
Tout cela ne semble pas du tout perturber les boursicoteurs puisque le court de la bourse continue de grimper à 537.50, à l'heure (13h30) où j'écris ce jour.

Dans l'après-midi je vais me renseigner sur le terrain .

samedi 25 septembre 2010

photo le Teil 2



MONDIs au Teil


Vendredi 18 septembre

Mondi: Il y a 10 jours les gars de l'Homme d'Armes ont traversé le pont. Ils sont allés au marché provençal du Teil pour faire connaître leur lutte pour l'emploi. Philippe a pris quelques photos qui étaient tombées dans ma boîte à Spam (la poubelle aux mails pas bons). En faisant du ménage je les retrouves et vous les livre. Merci Philippe!

vendredi 24 septembre 2010

Financial Victimes


Vendredi 24 septembre

Victimes de la mode? Non victimes des financiers aux dents longues.

Lejaby
Dès 8h30 l'animation est grande. Le site du Teil est occupé. Une délégation a passé la nuit au siège de Rillieux et les déléguées du CE sont montées là-bas pour négocier.

Sur place arrivent le Président du Conseil Général et le maire du Teil qui avaient prévenu de leur visite. Je suis donc venu avec une caméra pour enregistrer la scène.

Au siège les choses se corsent. La direction refuse désormais de laisser entrer la presse et maintenant les entrées sont filtrées. Trop tard! les images de l'occupation circulent de partout et l'image de la marque va certainement en prendre un coup pour le côté peu social de ces patrons qui se fichent de l'avenir de leurs ouvriers. Et la marque, c'est essentiellement ce qui intéresse les financiers.

Après une bonne demi-heure de discussions dans le local du CE , au cours de laquelle les élus ont pu aussi faire passer des messages de soutien mais aussi procéder à des échanges d'informations sur d'autres conflits en cours qui permettent d'éclairer les salariés pour les négociations à venir, tout le monde sort devant la porte et nous improvisons une mini conférence de presse devant la caméra.

Bientôt ici...vous trouverez la vidéo.

jeudi 23 septembre 2010

Même loin de vous...la lutte continue


Vendredi 24 septembre

Ce matin je suis allez voir les ouvrières de Lejaby au Teil. Elles reçevaient le Président du Département et le Maire du Teil. Une vidéo est au montage.

Je suis passé voir les Mondi. Ils ont le moral malgré le décès hier d'un jeune ancien collègue. Les négociations reprennent lundi.

Maintenant je prépare ma valise car je dois me rendre à Berlin pour un voyage d'étude sur la Résistance en France et en Allemagne lors de la dernière grande guerre, ainsi que sur l'Histoire des Protestants qui ont du fuir les guerres de religion par la voie qui conduisait depuis la Drôme jusqu'au coeur de l'Allemagne via l'isère la Haute Savoie et la Suisse. Un sentier "Sur les pas des Huguenots" vient de s'ouvrir. Il part du Poët-Laval. Retour le 7 octobre. D'ici là, conserver vos photos et vos textes, venez sur le site, ajoutez vos commentaire et faites connaître l'adresse du site au plus grand nombre. Bon courage et à bientôt.

Un dernier coup d'oeil sur la Bourse et le cours de l'action Mondi. Aujourd'hui 510 et son évolution dans le temps.
1 semaine -1,95% 1 mois +6,31%
1 an +55,12% 1er janvier +50,45%
+ haut 2010 519,00 GBp + bas 2010 331,90 GBp
Pour les actionnaires une très bonne année en perspective.


A bientôt . Retour le 7 octobre pour moi.

D'ici là j'essaie de trouver le moyen technique de passer la main à quelques un(e)s pour que vous puissiez alimenter vous même le blog à votre façon et avec vos photos.

Bon courage à tous et... ne lâchez pas!
Jean-Noël Chassé APIS
Radio M et les radios associatives de Rhône Alpes.

23 septembre à Montélimar: encore plus nombreux que le 7


Beau soleil et plein de monde pour cette deuxième grande journée d'action collective contre la réforme Sarkozy des retraites.

Encore une fois les Mondi sont venus très nombreux de l'Homme d'Armes et d'Aouste. Ils ont fait la liaison avec les filles de Lejaby et se sont rendu compte que dans leurs malheurs ils partageaient plein de points communs: autant de licenciements, des repreneurs étrangers qui ne pensent que finances et une même absence de considération pour le travail fait et l'apport des ouvriers et des ouvrières à la réussite du groupe. Mondi et Lejaby se sont rencontrés pour partager leurs expériences, leurs doutes, leurs espoirs... La colère gronde.

Dimanche 19 septembre à Rillieux


Portraits sensibles des Lejaby n°1

Maria Neto Da Cruz, née au Portugal en 1964, épouse Michon.

« Mon père est venu travailler en France en 68. Sur un marché au Portugal des gens sont venu avec un micro proposer à ceux qui voulaient de partir en France, en Allemagne, en Belgique.

Mon père était ravi de partir pour pouvoir enfin élever sa famille et sortir de la misère

Il est parti on est resté seul les 4 enfants avec ma mère. Un an plus tard il est revenu avec des cadeau et je me souviens avec des choses qu'on avait jamais vu,

Notamment je me souviens il avait des tablettes de chocolat Poulain. On ne savait même pas ce que c'était le chocolat...(à l'évocation de ce souvenir la voix de Maria s'étouffe d'émotion)

.Chez nous c'était la misère à manger des sardines et pommes de terre...J'ai un souvenir quand il est revenu avec des poupées dans sa valise (et là Maria n'arrive plus à parler)

"C'est un souvenir qui vous émeut encore!"

"Je ne sais pas comment l'expliquer... nous découvrions quelque chose de nouveau, comme un bonheur...Nous ne pensions pas qu'autre chose que la misère était possible.

Nous vivions à côté de Porto, à Pugaes. Beaucoup travaillait dans des usines de chaussures, mon père était cordonnier, d'autres travaillaient la terre. Ma mère faisait aussi des ménages dans une usine..On ne mangeait pas à notre faim

Je me souviens encore de la poissonnière qui passait à la maison et on achetait que quelques sardines pour manger avec des pommes de terre.

"Il n'y a pas si longtemps que cela, en 1968, la misère était encore là en Europe!

Quand mon père est arrivé avec ces jouets et ces tablettes de chocolat on s'est dit qu'on avait trop envie d'aller là-bas où il y avait tout çà! Il est reparti pour un an et il est revenu en 1970 pour nous chercher.

On est parti clandestinement (ndr Le Portugal était alors sous le joug d'un féroce dictateur, Salazar, qui interdisait de quitter le pays). Il fallait surtout pas le dire. Ma mère nous avait dit on va partir dans un grande fête. C'était en hiver. On avait très peu de vêtements. Ma mère avait simplement une malle et c'est des amis qui nous ont habillé quand on est arrivé dans la neige avec nos petites sandales. On est passé d'Espagne en France en traversant à pieds des champs de maïs...je m'en souviendrais toute ma vie...je tenais mon petit frère par la main avec mes deux soeurs plus grandes et on s'entravait dans les picots de maïs (qui les blessaient) et on pleurait. Et au bout du champ une voiture nous attendait pour entrer en France!

fait 29 ans que je suis chez Lejaby...J'aime mon travail, le boulot me plaît énormément et je trouve dommage que maintenant on nous dise qu'on est plus bonnes à rien et qu'on nous jette pour aller gagner de l'argent ailleurs. J'estime déjà que l'on est mal payées et quand je pense à ces pauvres gens à qui on va donner moitié de ce que nous on gagne...je trouve pas ca normal...je voudrais que les gens se révoltent et disent "stop!" on est pas des bêtes!..."

Voilà ce sont les 4 premières minutes et un court extrait du passionnant récit de la fille d'un immigré portugais, venu en France il y a 40 ans pour faire vivre sa famille. Aujourd'hui, Maria à fait sa vie dans notre pays, s'y est mariée avec un français, à travaillé toute sa carrière à Lejaby...

Et maintenant l'histoire se retourne! Les emplois quittent la France, s'en vont vers le Sud. L'incertitude revient …

La suite vous la trouverez bientôt ici en écoutant le reportage d'une vingtaine de minute qui retrace la vie de Maria.

mardi 21 septembre 2010

Lejaby en pleine négociation! la détermination de toutes!


Mardi 21 septembre

Aujourd'hui c'est le triste anniversaire de l'explosion d'AZF à Toulouse qui a fait 32 morts, de très nombreux blessés et beaucoup de licenciés dans tous le périmètre ou personne ne voulait plus entendre parler de chimie.
Pour Lejaby à Rillieux mais aussi dans les unités de production la grève et l'occupation se poursuivent.

Visite au Teil ce matin. Les salariées sont très déterminées. "On n'a plus rien, à perdre! il faut tenir et les obliger à négocier parce que de toute façon ils on décidé de nous liquider. On n'a pas fait plusieurs jours de grève pour baisser les bras maintenant!". Elles sont donc bien dans le mouvement sur place au Teil pour épauler leur déléguées qui sont au siège. Quasiment plus personnes dans les ateliers et elles se répartissent sur les pelouses ou dans la cantine.
Après avoir discuté avec le piquet des grévistes qui domine la voie rapide, où les coups de klaxon de soutien sont très nombreux, je me rend à la cantine.
Pendant que je discute, la responsable de l'unité m'invite discrètement (enfin elle le crois) à la suivre à l'extèrieur de la pièce. Là elle me déclare "Vous savez ici c'est un lieu privé. Les autres journalistes le comprennent qui ne rentrent pas là! Pouvez vous aller discuter dehors." Surpris je lui déclare que c'est à l'invitation des salariées que je suis entré et j'ajoute" Elles sont en grève, elles occupent paisiblement les locaux et demain leur travail aura sans doute disparu et elles ne pourront plus venir ici." "Nous ne pourrons pas être d'accord me déclare-t-elle en s'éloignant".
Quand je raconte "l'incident" les salariées s'indignent "Comment, elle a osé vous dire çà! Elle n'a pas de coeur... pas eu un seul mot de soutien envers nous depuis l'annonce des licenciements... Elle ne défend que l'intérêt des patrons. C'est vraiment inhumain d'être traitées ainsi après pour certaines 30 ans de travail ici!..."

De là nous discutions des luttes que les ouvriers ont mené dans le passé, notamment en 1968, aux côtés des étudiants, quand les ouvriers de BERLIET à Vénissieux (près de Lyon) changeaient les lettres au dessus des ateliers pour écrire LIBERTE. Déjà ils s'indignaient des mauvaises conditions de travail et des cadences à la chaine. Déjà les chefs et agents de maîtrise montraient souvent qu'ils étaient du côté des patrons "Les chiens de garde" disait-on alors.

Puis la discussion s'engage avec les plus anciennes et aussi les plus jeunes sur les conséquences de la fermeture. Pour les futures retraitées c'est souvent une heureuse délivrance après des années de cadences de plus en plus rapide et d'exigences toujours grandissantes. Pour d'autre comme Djemila 43 ans, 3 enfants, c'est l'angoisse de devoir tenir avec un seul salaire et de rechercher un travail si difficile à trouver dans la région. Christelle 37 ans envisage de se reconvertir. C'est une opportunité pour elle qui préfère prendre la chose du bon côté. Mais toutes n'ont pas son optimisme et il faudra les accompagner dans leur reconversion.

De Lyon les infos arrivent. Les négociations sont rompues. Le patron a fait ses propositions. Il reste sur ses positions de départ. Le bras de fer continue. En même temps, au Palais de Justice c'est l'audience. Le jugement sera surement reporté à dans quelques jours. On en reparlera.

lundi 20 septembre 2010

LEJABY l'occupation continue


Lundi 20 septembre

Je repasse sur place vers 15h 30 avec un cameraman. Nous arrivons juste au moment ou les déléguées ressortent d'un premier round de négociation. Les représentantes des différents sites se sont mis es d'accord pour des revendications communes qu'elles ont présenté à la direction: une prime de départ plus importante et égale pour toutes (25 000€) et un complément pour les années de présence. Le patron a pris note et propose une nouvelle rencontre plus tard dans l'après-midi.
Tous les sites sont représentées.
Les filles du Teil ont rejoint le mouvement et seront encore plus nombreuses demain mardi.
L'ambiance est bonne, comme la météo aujourd'hui. Pourvu que çà dure!

Bientôt à cet emplacement les coordonnées pour aller voir sur internet la vidéo tournée.
Aussitôt dit, aussitôt fait (lundi 9h30).
la vidéo de la journée de lundi En cliquant sur adresse:
http://www.dailymotion.com/video/xew92k_greve-et-occupation-des-locaux-leja_news
la vidéo tournée lundi, pour les radios associatives Radio Pluriel à Lyon et Radio M Montélimar, par Salim Braam cinéaste indépendant. Merci à lui
Attention il y 25 secondes de pub avant la vidéo. C'est le prix à payer pour avoir un hébergement "gratuit". Merci la société de consommation!

Les interviews radio de dimanche sont au montage. Là aussi merci de votre patience.

Dimanche 19 septembre

MONDI Rencontre avec François Hollande

Philippe m'a fait parvenir un extrait du Dauphiné ou une délégation des Mondi figure en photo aux côtés de François Hollande en visite en Ardèche.
Hélas! La technique me fait défaut. Pour l'instant pas moyen de faire passer le scan sur le blog. Mais l'intention y est! Dès que possible j'essaie de trouver la réponse.

samedi 18 septembre 2010

LEJABY Une nuit d'occupation


Samedi 18 septembre

La soirée se termine. Fatiguées, les salariées vont aller se coucher, les unes sous la tente, les autres dans des campings-car et pour certaines directement dans les locaux du siège. Deux grévistes viennent me demander si je veux bien photographier leur "chambre à coucher" installée à même le sol dans le couloir qui mène à la cantine. Voilà c'est fait. La photo viendra s'ajouter à toutes celles qui s'accumulent déjà et feront une page du grand livre des souvenirs de lutte.
Je reviendrais demain dans la matinée pour des interviews permettant de présenter les actrices de ce drame social en plein tournage.

LEJABY Le siège occupé


Samedi 18 septembre

Depuis vendredi les médias nationaux se font écho de l'occupation du siège de Lejaby, à Rillieux-la-Pape en banlieue lyonnaise. L'information est bien relayée sur la radio nationale de service public, France Inter sur laquelle j'ai entendu au moins à 4 reprise l'information et une interview d'une salariée qui explique comment elle se sont organisées pour permettre l'occupation, même le week-end.
En week-end sur Grenoble je décide de me rendre dès ce soir sur place pour prendre contact.
J'arrive tardivement vers 21h30. Les banderoles sur les grilles manifestent la présence des salariées. La grille est tirée. Un garde bienveillant se charge de l'ouvrir et de la refermée autant que nécessaire. Je suis accueilli à bras ouvert et sous les applaudissements de plaisir par la trentaines d'ouvrières qui finissent de prendre leur repas dans l'Algeco qui servait d'ancienne salle de réunion.
Nous échangeons nos informations. Ce soir là ce sont essentiellement les femmes de Bourg en Bresse qui occupent emmenée par leur déléguée syndicale CGT. Elles sont une trentaine appuyées par quelques unes de l'autre site de l'Ain. Yssingeaux et Le Teil ne sont pas là. Les salariés du siège (plus de 300) leur ont montré leur solidarité. Les salariées présentent occupent très pacifiquement le siège
dont les pelouses sont constellées de drapeaux syndicaux.
Les médias nationaux sont venus nombreux aujourd'hui. Et ce samedi la population de Rillieux a manifesté aussi son soutien. Les élus de tout bord participent aux conférences de presses et font savoir leurs encouragements. Le moral est bon même si les perspectives sont difficiles.

MONDI fait le marché au Teil

Vendredi 17 septembre

De retour des discussions de Lyon, les Mondi ont décidé de faire connaître leur situation de l'autre côté du Rhône.
Ils seront sur le marché provençale du Teil, ce vendredi entre 15h et 17. Peut être rencontreront-ils les Lejaby.
Des photos dès que nous en aurons.

mercredi 15 septembre 2010

Portraits sensibles 2M Bernard Tessier


Mercredi 15 septembre


Second portrait des Mondi: Bernard le délégué CFDT au CE (syndicat majoritaire sur le site de l'Homme d'Armes).


J'ai rejoint Bernard hier, à Montélimar, dans un quartier populaire périphérique ou sa famille est installée de longue date. Sa maison jouxte celle de ces vieux parents. Un grand champ dans lequel gambadent quelques chèvres naines et où des oies se dandinnent en possant du col.

Après avoir élevé ses deux filles aujourd'hui très grandes et echappées du nid, il se retrouve un peu seul dans la maison vide. Heureusement il a ses bêtes, celles du dehors déjà présentées et les trois chats qui peuplent la maison. Il y a aussi le tic-tac des réveils et des pendules que Bernard collectionnait. Mais maintenant il a arrêté. Il n'y a plus de place!
J'ai bientôt 48 ans et cela fait 27 ans que je suis chez Mondi. J'ai travaillé deux ans en hotellerie et dans le bâtiment et après j'ai trouvé l'opportunité de rentrer chez Smurfit. C'est un voisin qui m'a dit: il a des départs en pré-retraite chez Lembacel, tu devrais aller voir! Les patrons avaient le devoir de réembaucher. J'y suis allé, je me suis présenté et voilà ils m'ont pris. Je suis imprimeur, je n'ai pas de formation spéciale pour cela, j'ai appris sur le tas. Je suis Montilien et Lambacell c'est quasiment toute ma vie professionnelle.
Vous étiez déjà marié en entrant à l'usine? Quasiment puisque je me suis marié et le jour de mes 23 ans j'ai eu ma première fille Charlotte.
Qu'est-ce que vous avez trouvé à l'usine? C'était des nouveaux copains, une bonne ambiance, des bringues parce qu'on était jeunes... Il me semblait aussi que j'avais un boulot intéressant, assez autonome, où on est responsable de son travail sans toujours avoir un chef derrière soi. Les conditions de travail sont dans l'ensemble assez bonnes, Des salaires assez bas mais sur 13.5 mois, de la participation, de l'intéressement et au début pas trop de stress.
Avez-vous l'impression que les conditions de travail ont évolué? Ah oui! ca s'est vachement dégradé avec le temps. Avec toutes les certification l'ISO 9000 et maintenant le BRC, à chaque fois ils nous en rajoutent. Chez Mondi on travail sur des sacs pour l'alimentation animale et on a encore plus de contraintes que chez Autajon ou ils font les emballages des médicaments. Il faut fermer les fenêtres pour que les moustiques ne viennent pas contaminer la chaine. En hiver ca vas mais quand il fait 42° dehors vous voyez ce que cela donne! Ca devient débile, on prend plus de précaution pour les animaux que pour les hommes.
Et le travail posté? Le travail posté c'est assez difficile. On commence à prendre le rythme et voilà ca s'arrête. Le matin il faut se lever à 4h et quand on est d'après-midi et bien jamais le soir on se couche!.Pour la vie de famille il faut que ca suive, que tout le monde s'adapte. Quand on a des enfants petits il faut leur faire comprendre que" papa il dort" parcequ'il a travaillé toute le nuit, alors qu'elles, elles ont envi de s'amuser. Et pour la vie de couple c'est pareil, c'est pas facile , toujours en décalage... Aujourd'hui je suis divorcé mais je crois pour d'autres raisons.
En dehors du boulot? Avant j'habitais à Alba la Romaine. Je faisais parti du comité des fêtes. Une fois, pour tirer un feu d'artifice, j'ai été obligé de passer l'EK4 et aujourd'hui je suis aussi artificier. C'est plus un hobby, une passion. Certaines années j'y passais tous mes congés : c'était St Maxime , Monaco... tout des beaux coins que je n'aurais jamais connu si je n'avais pas été artificier. C'est cevenu un vrai travail, assez physique parce que quand on tire un feu depuis une barge en pleine mer...c'est un sacré boulot! Parfois comme à La Roche de Glun on se retrouvait à 12 artificiers.
Et avec les enfants, pas trop difficile d'être un papa seul? Ma fille ainé Charlotte avait 14 ans quand elle revenue vivre avec moi. Elle était déjà autonome. Aujourd'hui elle a bientôt 25ans. Avec son copain ils sont tous les 2 au chomâge. Elle travaillait chez Autajon en CDD et puis le contrat s'est terminé.. Ils vivent dans un joli coin un peu perdu dans la montagne: il faut garer sa voiture et faire 1 km à pied pour aller les retrouver.
Ma seconde fille, Marion, c'est une baroudeuse. Elle part en voyage parfois très loin: l'an dernier pendant 5 mois en Amérique du Sud, cette anné la Grèce en passant par l'Italie et en revenant par l'Albanie. Actuellement les vendanges en champagne, parce que ca paie bien. Elle repartira pour l'Amérique du Sud parcequ'elle n'a pas eu le temps de tout voit. Elle a un BTS de comptabilité, un CAP de coiffure et un diplôme d'aide à la personne maintenant.
Et l'engagement syndical ? il a commencé très tôt. Dans l'hôtellerie j'ai été licencié: prud'hommes etc. Quand je suis entré à Lembacel j'étais donc déjà dans le bain. Je suis délégué syndical depuis 26 ans. C'est des convictions. On veut se battre contre certaines injustices. J'ai été défenseur prud'homme pendant 20 ans. Et là les injustices on les voit tous les jours! On voit la misère des gens qui sont mis à la rue et qui sont virés comme des mal propres.
Et qu'est-ce que cela fait de se retroouver soi-même dans cette situation là? La déprime, et je suis encolère, j'ai la haine, je trouve pas normal queMondi nous rachète et 2 mois après ils virent tout le monde. Dégouté...je ne sais même pas comment traduire ce qui nous tombe sur la tête.
Dans l'entreprise les gens sont assez calmes. bien sûr ils sont tous dégoûtés aussi, bien sûr on essaie de jouer la montre et de traîner. Quand on va être au chomâge nous n'aurons pas le même salaire. Si on peut gratter un mois par ci un mois par là c'est bien. On est ous d'accord.
Vous envisagez déjà l'avenir? Moi je ne me projette pas. Je ne vois pas ce que je vais faire derrière, question d'âge, d'être obligé de tout recommencer à zéro et pour faire quoi? j'ai pas d'idée. Normalement il y a une cellule de reclassement qui devrait être mise en place. Le cabinet BPI nous a été présenté. Ils ont voulu nous vendre leur trucs. Nous ont sait qu'ils se sont occupé d'une imprimerie à Malauscène. Sur 220 licenciés ils en ont recasé 14 en CDI et une quarantaine en intérim. Tout les autres sont resté sur le carreau. Pour eux, mettre en intérim, c'est recaser! L'employeur voulait nous les imposer. On a refusé et demandé d'en voir d'autres.
De quoi sont faites vos journées maintenant? Beaucoup de contacts, avec les mairies, les élus... on essaie de taper aux portes un peu partout. Ca commence à bouger et apparment à la Sésame ca marche pas mal. Le Conseil Régional souhaite qu'on monte à Valence pour aller expliquer ce quise passe chez Mondi. On est pas mal soutenu et ca fait plaisir parceque ce n'était pas gagné.
Le chomage fait peur?
Oui le chomâge fait peur et j'ai peur de m'y installer dedans, parcequ'une fois installé dans le chomage, on, se lève plus le matin, on se coupe du monde et ca c'est dangereux, et pour retourner au boulot ca doit pas être facile.
Vous voyez votre avenir à Montélimar ou ailleurs? Eventuellement un peu autour mais pas trop loin. Je suis propriétaire de ma maison et je ne veux pas la vendre. Ici je suis chez moi, je me sent bien et j'irai pas loin. Alors j'espère un boulot et rapidement parce que je ne voudrais pas être chomeur.

mardi 14 septembre 2010

Portraits sensibles 1: Philippe Berthet des Mondi



mardi 14 septembre





Nous nous retrouvons dans le petit appartement de Philippe au centre ville de Montélimar. Il habite là, en location, depuis son mariage il y a maintenant 19 ans. Ils sont toujours ensemble avec sa femme, et maintenant avec Mathieu leur grand fils de 14 ans.

Bien qu'habitué a la prise de parole, par ses fonctions syndicales, Philippe avoue qu'il est un peu timide de nature. Et cette timidité il l'a transmis à son fils. Mais au bout d'un moment, l'un comme l'autre se feront à la présence du micro et pourront dire un peu de ce qu'ils vivent depuis l'annonce de ce licenciement qui frappe toute la famille.
"Je suis arrivé dans la Drôme en 1973. J'accompagnais mon père qui quittait son emploi d'artisan opticien dans le Jura pour prendre une place d'ouvrier opticien à Montélimar. On s'est expatrié dans le sud. C'est pas le même climat que dans le Jura. Le soleil et le vent en plus. Je suis allé jusqu'au bac que je n'ai pas eu et après j'ai fait le service militaire. Ensuite une série de petits boulot, intérimaire etc.. Je suis resté 15 mois en intérim au service expédition de Lambacell. A ce moment là ils ont acheté une nouvelle imprimeuse 8 couleurs et m'ont proposé de travailler dessus... Y pas d'école j'ai appris avec les anciens sur une machine toute électronique. L'imprimerie c'est la base de notre travail. La plus part des sacs que nous fabriquons sont imprimés: 1 ou 2 couleurs, juste du texte ou des sacs très complexes, avec des clients très importants Royal Canin, Nestlé... des clients n°1 dans ce qu'ils font dont nous devons partager la qualité de l'image de marque qu'ils veulent donner. Cela m'a beaucoup formé. En France il n'y a que 2 fabricants de sacs, nous et Gascogne dans les Landes. Smurfit a vendu ses usines en Italie et en Espagne. Et Mondi a de nombreuses unités de production dans toute l'Europe... J'avais 25 ans qu'en je suis entré à Smurfit et aujourd'hui j'en ai 46. Je pense que si je n'étais pas compétent dans mon travail je ne serais pas resté sur cette machine tout ce temps.
Et en dehors du travail? je me suis marié quand je entré à Lambacell. De ce côté ma vie n'a pas changé bien qu'autour de moi beaucoup aient divorcé. On travaille en 3 huit, une semaine le matin 5h 13h une semaine l'après midi 13h 21h et une semaine de nuit de 21h à 5h sur 5 jours par semaine, toute l'année, sans fermeture de l'usine. Parfois des heures sups s'il y avait trop de boulot et qu' avec des volontaires. Avec les années les effectifs ont diminué et les cadences ont augmenté. On est passé de 125 personnes et 4 lignes à 3 lignes et on nous demande toujours plus. Les accords nous donnent des avantages basées sur des cadences. Si on monte les cadences l'année suivante ils augmentent les objectifs. Sur la vie familiale le travail par poste a des incidences: jamais le même rythme de travail, de sommeil, d'heures de repas...j'ai pu cependant profiter de mon fils car deux semaines sur 3 je pouvais le récupérer et l'aider à travailler le soir. La nuit on pense à dormir et à la vie de couple... mais la nuit on a pas de chef ni de directeur dans les pattes. Une tranquilité qu'on a pas le jour.
Le matériel a-t-il évolué en 19 ans? Non pas du tout. En 19 ans, alors que le constructeur conseil une grosse remise en état (un "retro-fit": 60% du prix d'une neuve) tous les 10 ou 12 ans, il n'y a eu aucune remise en état. Nous en sommes au point ou les machines tiennent réellement grâce à des bout de ficelle, de scotch ou de fil de fer! C'est un peu désolant et on est obligé de prendre des risques pour faire notre boulot. Les réparations ne sont faites que quand la machine menace de s'arrêter. Il faut plus de temps pour arriver à un bon résultat.
Quelle solidarité entre les salariés qui font le poste? Je commence à faire parti des anciens. Les anciens nous passaient leur savoir faire. Il y avait un esprit d'équipe. Aujourd'hui à cause des diminutions d'effectif les équipes ne sont plus élastiques et sont souvent modifiées.
Quelles relations entre vous en dehors du travail? Dans mon cas très peu. En dehors je fais parti du syndicat, je vais au permanences de l'union locale pour aider les autres. J'aide aussi mon fils et je suis présent pour ses activités sportives et autres. Je fais aussi du bricolage.
Comment avez vous annoncé la fermeture à votre famille?. De façon un peu brutale, comme nous on l'a appris. Certain membre de ma famille l'on su dans le journal le lendemain de l'annonce par les patrons.
Vous en parlez? Pas beaucoup! ma femme a été surprise et assommée. Nos parents ont moins connu des situations semblables alors que pour notre générations, de nombreuses entreprises subissent çà. Tous les jours on entend des fermetures pour des raisons financières, à cause de la mondialisation
Et vous comment avez-vous encaissé le coup? Au début on se demande si on rêve, si on est pas entrain de vivre un match de boxe et qu'on vient de ramasser le coup de trop! Et après il faut prendre le temps de réaliser. Tant qu'on a pas vu de machine partir, de copain s'en aller, on est pas à 100% entrain de réaliser ce qui nous arrive. Je pense qu'on va en prendre conscience avec les premiers départs. Je ne sais pas si on peut se préparer à ce genre de chose. Depuis qu'on a appris la fermeture il y a 2 mois, certaines fois je me pose la question de ce que je ferais demain.
Vous avez une idée? Franchement à ce jour je n'ai aucune idée hormis de rester dans le domaine de l'impression, peut-être en quittant la flexographie pour d'autres activités d'imprimerie. Mais à 46 ans on se réoriente pas comme à 25/30 ans Plus on monte en âge et plus on se fait à l'idée qu'on finira dans la boîte où on est.
Vous auriez besoin d'être aidé et accompagné pour changer? Le plan social prévoit cela. Il y aura des possibilité de formation, de reclassement, il y aura la validation des acquis et le bilan de compétence qui devraient permettre de nous aiguiller. Mais si j'avais voulu changer de métier, j'aurais pas attendu 46 ans! On sera obligé.
Vous voulez rester sur Montélimar? j'ai toujours vécu depuis l'âge de 9 ans à Montélimar et j'aimerais y rester. Arrivé à un certain âge on a pas envie de changer de cadre, d'amis. Tout s'étudiera, quand même, fonction du poste, du salaire. Mais je préférerai rester par ici.
Et les mois à venir? Je les surveille, je les appréhende...
Et toi Mathieu, quand tu a appris que ton papa allait perdre son emploi, qu'as tu ressenti? J'ai eu peur, peur que nous n'ayons plus assez d'argent pour manger, pour boire...Je fais de l'escrime , de la flûte traversière. Ca coûte de l'argent et j'ai peur de ne plus pouvoir en faire. Et puis je sais pas si on pourra encore aller à Valence pour les tournois de carte...
Que voudrais-tu faire plus tard? Professeur de mathémathiques ou physique/chimie parce que au collège j'aime bien enseigner et la recherche? la recherche aussi cela me plairait... alors bonne chance Mathieu!

Portraits sensibles: début d'une (grande?) galerie

Mardi 14 septembre

Les Lejaby sont à Lyon pour 3 jours. Les Mondi vont y aller aussi mercredi et jeudi. Les réunions se succédent entre CCE et patrons pour préparer les plans sociaux d'accompagnement aux fermetures.

Aujourd'hui je commence une série de portrait des acteurs et des actrices de cette aventure.J'ai envie de donner chair à cette lutte en présentant toutes celles et tous ceux qui sont touchés par ces licenciements. Plusieurs fois nous avons évoqué ensemble le choc que provoque l'annonce de la perte d'un emploi souvent tenu pendant plusieurs années, parfois des décennies. C'est comme après un accident. Les traumatismes ne se voyent pas forcément à l'oeil nu. Ils sont souvent à l'intérieur. Et puis c'est si difficile d'en parler avec les autres. C'est bête, mais les personnes touchées ont un peu honte, alors qu'elle ne sont pour rien dans ce qui leur arrive. Et autour, c'est un peu comme pour les épidémies: on en parle, on en a peur, on espére toujours que cela ne nous touchera pas. Bien sûr la radio et les journaux en parlent. Mais c'est un peu virtuel, tant qu'on est pas touché soi-même.
C'est pour permettre de mieux connaître ce que chacun ressent, pour permettre à toutes celles et tous ceux qui sont touchés de pouvoir partager un peu de leur colère, de leur peine, de cette honte stupide qui ne devrait pas mais qui est là!
C'est pour faire toucher à tous la réalité des traumatismes vécus que j'ai proposé de "tirer le portrait" de chacun(e) qui acceptera de partager son quotidien de futur licencié.

Il fallait accepter de se jeter à l'eau. Ce sont Philippe et Bernard de Mondi qui les premiers ont accepté de plonger dans le bain. Qu'ils soient remerciés de se lancer ainsi. En espérant que beaucoup d'autre acceptent de les rejoindre. Bienvenue à chacun(e).

Le cours de Mondi en Bourse 510,0, çà monte toujours très bien pour les actionnaires!

lundi 13 septembre 2010

Nouvelle semaine de négociation




Lundi 13 septembre




Lejaby:


première prise de contacts. A 14h je rencontre les déléguées du personnel CFDT de l'usine du Teil. L'entreprise s'appelait Rasurel avant son rachat par Lejaby. C'est, perdu dans une zone industrielle entre voie rapide et ligne ferroviaire, un seul et même grand espace où les machines à coudre sont disposées en grappes. Elles sont 60 femmes à encore travailler là, mais plus pour longtemps si le calendrier est respecté.


La responsable de l'unité me reçoit d'un regard suspicieux. Heureusement j'ai un nom pour sésame et elle me conduit au local du CE.


Jocelyne, Bernadette et Muriel m'accueillent. Je leur présente mon travail de journaliste, le rôle, le fonctionnement et les possibilités d'une radio associative locale et le pourquoi de ma démarche. Je leur indique que les salariés de Mondi voudraient prendre contact avec elles. Nous échangeons les adresses.


La situation chez Lejaby-Rasurel au Teil à ce jour. Le plan social va toucher 197 personnes (hasard c'est semble-t-il le même nombre pour le groupe Mondy) dont 60 à l'usine du Teil qui sera totalement et définitivement fermée d'ici la fin de l'année!


Plus de la moitié des employées du Teil ont plus de 50 ans et 19 plus de 55 ans. Beaucoup ont déjà connu un premier plan il y a quelques années. Un expert comptable désigné par le CCE et un avocat d'un cabinet spécialisé de Lyon les accompagnent.


L'ensemble du plan social devrait être adopté d'ici fin septembre selon la direction. En dehors de quelques rares cas de reclassement interne possible, toutes vont se trouver avec une proposition de congé de reclassement à accepter d'ici le 15 novembre. A partir de là elles resteront à l'effectif pour 7 mois (-de 50 ans) à 9 mois (+ de 50 ans) pour un congé de reclassement (65% du salaire brut)et bénéficieront d'un dispositif d'accompagnement pour 12 mois au plus.




Les femmes de Lejaby m'apprennent qu'après la vente de Rasurel en 1995 elles sont passées d'une production saisonnière de maillots de bain et de survêtements, à une production des sous-vêtements de luxe. Elle ont réussit cette reconversion et seraient prête à de nouvelles adaptations si nécessaire. Elles ne comprennent pas que leur savoir faire, leur outil de travail et les capacités de production qu'il présente ne soit pas repris. A l'heure de la relocalisation elles pensent pouvoir rentabiliser une production en France. Elles cherchent un repreneur possible mais n'ont pas trouvé. Leur patron actuel, l'autrichien Palmers ne fait pas de production et son prédécesseur américian n'avait pas investi beaucoup. Il faudrait trouver un véritable repreneur producteur. Nous envisageons une action de communication en ce sens permettant de préciser à des tiers les qualités du site, de ses salariées, de ses équipements. A suivre.


Je reparts toujours sous l'oeil suspicieux de la chef et celui qui se veut indifférent de deux représentants des renseignements généraux qui sont là régulièrement, selon les femmes du CE. Il faut dire que les autorités, qui ne se préoccupent guère de l'avenir des salariés, sont très attentives à ce que le feu ne se répande pas et que des actions incontrôlées ne se développent.


Demain les représentantes de Lejaby Le Teil montent à Lyon pour 3 jours: préparation du CCE, choix parmi 4 cabinets de reclassement et tenue d'une réunion du CCE. Retour vendredi.




Mondi:


aujourd'hui nous avons rendez-vous pour une interview. Les locaux de la radio n'étant pas disponibles, je sort mon enregistreur à mini-disques. Autour du micro Bruno, Bernard, Philippe et Sébastien répondent à mes questions sur le choc qu'ils ont éprouvé en apprenant la fermeture de leur usine. 30 minutes de discussion ou l'émotion monte. Pour chacun cette fermeture c'est un grand traumatisme. Bruno qui est retraité depuis 2ans explique que cette boîte n' a jamais eu aucun reconnaissance pour ses employés. Après 38 ans de bons et loyaux services il est reparti sans aucun signe de la part de l'employeur dont il a fait tourner l'usine. Tous se disent dégoûtés. Bernard qui parfois venait à l'usine en sifflottant avoue aujourd'hui qu'il y vient avec des mots de ventres et parfois la nausée. Ils évoquent un de leurs copains qui traîne du côté de la voie ferrée et qui pleure parfois devant sa machine. Un espace d'écoute vient d'être mis en place à la demande du CHSCT. Dans les locaux de la médecine du travail, à Montélimar, un spécialiste Mr Lemarchand, offre une assistance psychologique pour tous ceux qui le désirent. Un licenciement collectif c'est comme une catastrophe naturelle ou un accident de la route. On en ressort en se croyant indemne et ou découvre des séquelles parfois très graves. Attention danger!




J'ai eu un petit mail d'Alain Tessier, l'homme qui a suivi le cas AZF et a accompagné la reconversion de nombreux travailleurs du site. J'en reparle avec les femmes de Lejaby et avec les gars de Mondi. Ils vont prendre contact avec lui dans les prochaines heures. A suivre là aussi.




Aujourd'hui le cours de bourse termine à 507 soit +1,46% pour la seule journée! La semaine commence bien pour les actionnaires.