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jeudi 23 septembre 2010

Dimanche 19 septembre à Rillieux


Portraits sensibles des Lejaby n°1

Maria Neto Da Cruz, née au Portugal en 1964, épouse Michon.

« Mon père est venu travailler en France en 68. Sur un marché au Portugal des gens sont venu avec un micro proposer à ceux qui voulaient de partir en France, en Allemagne, en Belgique.

Mon père était ravi de partir pour pouvoir enfin élever sa famille et sortir de la misère

Il est parti on est resté seul les 4 enfants avec ma mère. Un an plus tard il est revenu avec des cadeau et je me souviens avec des choses qu'on avait jamais vu,

Notamment je me souviens il avait des tablettes de chocolat Poulain. On ne savait même pas ce que c'était le chocolat...(à l'évocation de ce souvenir la voix de Maria s'étouffe d'émotion)

.Chez nous c'était la misère à manger des sardines et pommes de terre...J'ai un souvenir quand il est revenu avec des poupées dans sa valise (et là Maria n'arrive plus à parler)

"C'est un souvenir qui vous émeut encore!"

"Je ne sais pas comment l'expliquer... nous découvrions quelque chose de nouveau, comme un bonheur...Nous ne pensions pas qu'autre chose que la misère était possible.

Nous vivions à côté de Porto, à Pugaes. Beaucoup travaillait dans des usines de chaussures, mon père était cordonnier, d'autres travaillaient la terre. Ma mère faisait aussi des ménages dans une usine..On ne mangeait pas à notre faim

Je me souviens encore de la poissonnière qui passait à la maison et on achetait que quelques sardines pour manger avec des pommes de terre.

"Il n'y a pas si longtemps que cela, en 1968, la misère était encore là en Europe!

Quand mon père est arrivé avec ces jouets et ces tablettes de chocolat on s'est dit qu'on avait trop envie d'aller là-bas où il y avait tout çà! Il est reparti pour un an et il est revenu en 1970 pour nous chercher.

On est parti clandestinement (ndr Le Portugal était alors sous le joug d'un féroce dictateur, Salazar, qui interdisait de quitter le pays). Il fallait surtout pas le dire. Ma mère nous avait dit on va partir dans un grande fête. C'était en hiver. On avait très peu de vêtements. Ma mère avait simplement une malle et c'est des amis qui nous ont habillé quand on est arrivé dans la neige avec nos petites sandales. On est passé d'Espagne en France en traversant à pieds des champs de maïs...je m'en souviendrais toute ma vie...je tenais mon petit frère par la main avec mes deux soeurs plus grandes et on s'entravait dans les picots de maïs (qui les blessaient) et on pleurait. Et au bout du champ une voiture nous attendait pour entrer en France!

fait 29 ans que je suis chez Lejaby...J'aime mon travail, le boulot me plaît énormément et je trouve dommage que maintenant on nous dise qu'on est plus bonnes à rien et qu'on nous jette pour aller gagner de l'argent ailleurs. J'estime déjà que l'on est mal payées et quand je pense à ces pauvres gens à qui on va donner moitié de ce que nous on gagne...je trouve pas ca normal...je voudrais que les gens se révoltent et disent "stop!" on est pas des bêtes!..."

Voilà ce sont les 4 premières minutes et un court extrait du passionnant récit de la fille d'un immigré portugais, venu en France il y a 40 ans pour faire vivre sa famille. Aujourd'hui, Maria à fait sa vie dans notre pays, s'y est mariée avec un français, à travaillé toute sa carrière à Lejaby...

Et maintenant l'histoire se retourne! Les emplois quittent la France, s'en vont vers le Sud. L'incertitude revient …

La suite vous la trouverez bientôt ici en écoutant le reportage d'une vingtaine de minute qui retrace la vie de Maria.

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