Blog mode d'emploi :

Ce site se veut interactif. Créé par APIS dans une logique participative, il est ouvert aux contributions des salariés de Mondi et de Lejaby qui vont progressivement faire eux aussi des textes, des photos pour illustrer le quotidien de leurs luttes. Pour les soutenir ou faire leurs propres propositions, les lecteurs peuvent apporter des commentaires. Pour cela il vous suffit de cliquer sur le titre d'un article. Celui-ci apparaitra alors sur une nouvelle page. Au bas de l'article un écran permet au lecteur de rédiger son commentaire qui est immédiatement publié.
Un bon moyen pour encourager les Lejaby et les Mondi dans le bras de fer contre leurs patrons et pour les soutenir et les accompagner dans la reconversion professionnelle à laquelle ils seront obligés. Une possibilité aussi pour les joindre et leur communiquer offre d'emplois, propositions de coups de main, messages de sympathie etc..."

Merci d'avance pour eux

samedi 25 septembre 2010

photo le Teil 2



MONDIs au Teil


Vendredi 18 septembre

Mondi: Il y a 10 jours les gars de l'Homme d'Armes ont traversé le pont. Ils sont allés au marché provençal du Teil pour faire connaître leur lutte pour l'emploi. Philippe a pris quelques photos qui étaient tombées dans ma boîte à Spam (la poubelle aux mails pas bons). En faisant du ménage je les retrouves et vous les livre. Merci Philippe!

vendredi 24 septembre 2010

Financial Victimes


Vendredi 24 septembre

Victimes de la mode? Non victimes des financiers aux dents longues.

Lejaby
Dès 8h30 l'animation est grande. Le site du Teil est occupé. Une délégation a passé la nuit au siège de Rillieux et les déléguées du CE sont montées là-bas pour négocier.

Sur place arrivent le Président du Conseil Général et le maire du Teil qui avaient prévenu de leur visite. Je suis donc venu avec une caméra pour enregistrer la scène.

Au siège les choses se corsent. La direction refuse désormais de laisser entrer la presse et maintenant les entrées sont filtrées. Trop tard! les images de l'occupation circulent de partout et l'image de la marque va certainement en prendre un coup pour le côté peu social de ces patrons qui se fichent de l'avenir de leurs ouvriers. Et la marque, c'est essentiellement ce qui intéresse les financiers.

Après une bonne demi-heure de discussions dans le local du CE , au cours de laquelle les élus ont pu aussi faire passer des messages de soutien mais aussi procéder à des échanges d'informations sur d'autres conflits en cours qui permettent d'éclairer les salariés pour les négociations à venir, tout le monde sort devant la porte et nous improvisons une mini conférence de presse devant la caméra.

Bientôt ici...vous trouverez la vidéo.

jeudi 23 septembre 2010

Même loin de vous...la lutte continue


Vendredi 24 septembre

Ce matin je suis allez voir les ouvrières de Lejaby au Teil. Elles reçevaient le Président du Département et le Maire du Teil. Une vidéo est au montage.

Je suis passé voir les Mondi. Ils ont le moral malgré le décès hier d'un jeune ancien collègue. Les négociations reprennent lundi.

Maintenant je prépare ma valise car je dois me rendre à Berlin pour un voyage d'étude sur la Résistance en France et en Allemagne lors de la dernière grande guerre, ainsi que sur l'Histoire des Protestants qui ont du fuir les guerres de religion par la voie qui conduisait depuis la Drôme jusqu'au coeur de l'Allemagne via l'isère la Haute Savoie et la Suisse. Un sentier "Sur les pas des Huguenots" vient de s'ouvrir. Il part du Poët-Laval. Retour le 7 octobre. D'ici là, conserver vos photos et vos textes, venez sur le site, ajoutez vos commentaire et faites connaître l'adresse du site au plus grand nombre. Bon courage et à bientôt.

Un dernier coup d'oeil sur la Bourse et le cours de l'action Mondi. Aujourd'hui 510 et son évolution dans le temps.
1 semaine -1,95% 1 mois +6,31%
1 an +55,12% 1er janvier +50,45%
+ haut 2010 519,00 GBp + bas 2010 331,90 GBp
Pour les actionnaires une très bonne année en perspective.


A bientôt . Retour le 7 octobre pour moi.

D'ici là j'essaie de trouver le moyen technique de passer la main à quelques un(e)s pour que vous puissiez alimenter vous même le blog à votre façon et avec vos photos.

Bon courage à tous et... ne lâchez pas!
Jean-Noël Chassé APIS
Radio M et les radios associatives de Rhône Alpes.

23 septembre à Montélimar: encore plus nombreux que le 7


Beau soleil et plein de monde pour cette deuxième grande journée d'action collective contre la réforme Sarkozy des retraites.

Encore une fois les Mondi sont venus très nombreux de l'Homme d'Armes et d'Aouste. Ils ont fait la liaison avec les filles de Lejaby et se sont rendu compte que dans leurs malheurs ils partageaient plein de points communs: autant de licenciements, des repreneurs étrangers qui ne pensent que finances et une même absence de considération pour le travail fait et l'apport des ouvriers et des ouvrières à la réussite du groupe. Mondi et Lejaby se sont rencontrés pour partager leurs expériences, leurs doutes, leurs espoirs... La colère gronde.

Dimanche 19 septembre à Rillieux


Portraits sensibles des Lejaby n°1

Maria Neto Da Cruz, née au Portugal en 1964, épouse Michon.

« Mon père est venu travailler en France en 68. Sur un marché au Portugal des gens sont venu avec un micro proposer à ceux qui voulaient de partir en France, en Allemagne, en Belgique.

Mon père était ravi de partir pour pouvoir enfin élever sa famille et sortir de la misère

Il est parti on est resté seul les 4 enfants avec ma mère. Un an plus tard il est revenu avec des cadeau et je me souviens avec des choses qu'on avait jamais vu,

Notamment je me souviens il avait des tablettes de chocolat Poulain. On ne savait même pas ce que c'était le chocolat...(à l'évocation de ce souvenir la voix de Maria s'étouffe d'émotion)

.Chez nous c'était la misère à manger des sardines et pommes de terre...J'ai un souvenir quand il est revenu avec des poupées dans sa valise (et là Maria n'arrive plus à parler)

"C'est un souvenir qui vous émeut encore!"

"Je ne sais pas comment l'expliquer... nous découvrions quelque chose de nouveau, comme un bonheur...Nous ne pensions pas qu'autre chose que la misère était possible.

Nous vivions à côté de Porto, à Pugaes. Beaucoup travaillait dans des usines de chaussures, mon père était cordonnier, d'autres travaillaient la terre. Ma mère faisait aussi des ménages dans une usine..On ne mangeait pas à notre faim

Je me souviens encore de la poissonnière qui passait à la maison et on achetait que quelques sardines pour manger avec des pommes de terre.

"Il n'y a pas si longtemps que cela, en 1968, la misère était encore là en Europe!

Quand mon père est arrivé avec ces jouets et ces tablettes de chocolat on s'est dit qu'on avait trop envie d'aller là-bas où il y avait tout çà! Il est reparti pour un an et il est revenu en 1970 pour nous chercher.

On est parti clandestinement (ndr Le Portugal était alors sous le joug d'un féroce dictateur, Salazar, qui interdisait de quitter le pays). Il fallait surtout pas le dire. Ma mère nous avait dit on va partir dans un grande fête. C'était en hiver. On avait très peu de vêtements. Ma mère avait simplement une malle et c'est des amis qui nous ont habillé quand on est arrivé dans la neige avec nos petites sandales. On est passé d'Espagne en France en traversant à pieds des champs de maïs...je m'en souviendrais toute ma vie...je tenais mon petit frère par la main avec mes deux soeurs plus grandes et on s'entravait dans les picots de maïs (qui les blessaient) et on pleurait. Et au bout du champ une voiture nous attendait pour entrer en France!

fait 29 ans que je suis chez Lejaby...J'aime mon travail, le boulot me plaît énormément et je trouve dommage que maintenant on nous dise qu'on est plus bonnes à rien et qu'on nous jette pour aller gagner de l'argent ailleurs. J'estime déjà que l'on est mal payées et quand je pense à ces pauvres gens à qui on va donner moitié de ce que nous on gagne...je trouve pas ca normal...je voudrais que les gens se révoltent et disent "stop!" on est pas des bêtes!..."

Voilà ce sont les 4 premières minutes et un court extrait du passionnant récit de la fille d'un immigré portugais, venu en France il y a 40 ans pour faire vivre sa famille. Aujourd'hui, Maria à fait sa vie dans notre pays, s'y est mariée avec un français, à travaillé toute sa carrière à Lejaby...

Et maintenant l'histoire se retourne! Les emplois quittent la France, s'en vont vers le Sud. L'incertitude revient …

La suite vous la trouverez bientôt ici en écoutant le reportage d'une vingtaine de minute qui retrace la vie de Maria.

mardi 21 septembre 2010

Lejaby en pleine négociation! la détermination de toutes!


Mardi 21 septembre

Aujourd'hui c'est le triste anniversaire de l'explosion d'AZF à Toulouse qui a fait 32 morts, de très nombreux blessés et beaucoup de licenciés dans tous le périmètre ou personne ne voulait plus entendre parler de chimie.
Pour Lejaby à Rillieux mais aussi dans les unités de production la grève et l'occupation se poursuivent.

Visite au Teil ce matin. Les salariées sont très déterminées. "On n'a plus rien, à perdre! il faut tenir et les obliger à négocier parce que de toute façon ils on décidé de nous liquider. On n'a pas fait plusieurs jours de grève pour baisser les bras maintenant!". Elles sont donc bien dans le mouvement sur place au Teil pour épauler leur déléguées qui sont au siège. Quasiment plus personnes dans les ateliers et elles se répartissent sur les pelouses ou dans la cantine.
Après avoir discuté avec le piquet des grévistes qui domine la voie rapide, où les coups de klaxon de soutien sont très nombreux, je me rend à la cantine.
Pendant que je discute, la responsable de l'unité m'invite discrètement (enfin elle le crois) à la suivre à l'extèrieur de la pièce. Là elle me déclare "Vous savez ici c'est un lieu privé. Les autres journalistes le comprennent qui ne rentrent pas là! Pouvez vous aller discuter dehors." Surpris je lui déclare que c'est à l'invitation des salariées que je suis entré et j'ajoute" Elles sont en grève, elles occupent paisiblement les locaux et demain leur travail aura sans doute disparu et elles ne pourront plus venir ici." "Nous ne pourrons pas être d'accord me déclare-t-elle en s'éloignant".
Quand je raconte "l'incident" les salariées s'indignent "Comment, elle a osé vous dire çà! Elle n'a pas de coeur... pas eu un seul mot de soutien envers nous depuis l'annonce des licenciements... Elle ne défend que l'intérêt des patrons. C'est vraiment inhumain d'être traitées ainsi après pour certaines 30 ans de travail ici!..."

De là nous discutions des luttes que les ouvriers ont mené dans le passé, notamment en 1968, aux côtés des étudiants, quand les ouvriers de BERLIET à Vénissieux (près de Lyon) changeaient les lettres au dessus des ateliers pour écrire LIBERTE. Déjà ils s'indignaient des mauvaises conditions de travail et des cadences à la chaine. Déjà les chefs et agents de maîtrise montraient souvent qu'ils étaient du côté des patrons "Les chiens de garde" disait-on alors.

Puis la discussion s'engage avec les plus anciennes et aussi les plus jeunes sur les conséquences de la fermeture. Pour les futures retraitées c'est souvent une heureuse délivrance après des années de cadences de plus en plus rapide et d'exigences toujours grandissantes. Pour d'autre comme Djemila 43 ans, 3 enfants, c'est l'angoisse de devoir tenir avec un seul salaire et de rechercher un travail si difficile à trouver dans la région. Christelle 37 ans envisage de se reconvertir. C'est une opportunité pour elle qui préfère prendre la chose du bon côté. Mais toutes n'ont pas son optimisme et il faudra les accompagner dans leur reconversion.

De Lyon les infos arrivent. Les négociations sont rompues. Le patron a fait ses propositions. Il reste sur ses positions de départ. Le bras de fer continue. En même temps, au Palais de Justice c'est l'audience. Le jugement sera surement reporté à dans quelques jours. On en reparlera.

lundi 20 septembre 2010

LEJABY l'occupation continue


Lundi 20 septembre

Je repasse sur place vers 15h 30 avec un cameraman. Nous arrivons juste au moment ou les déléguées ressortent d'un premier round de négociation. Les représentantes des différents sites se sont mis es d'accord pour des revendications communes qu'elles ont présenté à la direction: une prime de départ plus importante et égale pour toutes (25 000€) et un complément pour les années de présence. Le patron a pris note et propose une nouvelle rencontre plus tard dans l'après-midi.
Tous les sites sont représentées.
Les filles du Teil ont rejoint le mouvement et seront encore plus nombreuses demain mardi.
L'ambiance est bonne, comme la météo aujourd'hui. Pourvu que çà dure!

Bientôt à cet emplacement les coordonnées pour aller voir sur internet la vidéo tournée.
Aussitôt dit, aussitôt fait (lundi 9h30).
la vidéo de la journée de lundi En cliquant sur adresse:
http://www.dailymotion.com/video/xew92k_greve-et-occupation-des-locaux-leja_news
la vidéo tournée lundi, pour les radios associatives Radio Pluriel à Lyon et Radio M Montélimar, par Salim Braam cinéaste indépendant. Merci à lui
Attention il y 25 secondes de pub avant la vidéo. C'est le prix à payer pour avoir un hébergement "gratuit". Merci la société de consommation!

Les interviews radio de dimanche sont au montage. Là aussi merci de votre patience.

Dimanche 19 septembre

MONDI Rencontre avec François Hollande

Philippe m'a fait parvenir un extrait du Dauphiné ou une délégation des Mondi figure en photo aux côtés de François Hollande en visite en Ardèche.
Hélas! La technique me fait défaut. Pour l'instant pas moyen de faire passer le scan sur le blog. Mais l'intention y est! Dès que possible j'essaie de trouver la réponse.

samedi 18 septembre 2010

LEJABY Une nuit d'occupation


Samedi 18 septembre

La soirée se termine. Fatiguées, les salariées vont aller se coucher, les unes sous la tente, les autres dans des campings-car et pour certaines directement dans les locaux du siège. Deux grévistes viennent me demander si je veux bien photographier leur "chambre à coucher" installée à même le sol dans le couloir qui mène à la cantine. Voilà c'est fait. La photo viendra s'ajouter à toutes celles qui s'accumulent déjà et feront une page du grand livre des souvenirs de lutte.
Je reviendrais demain dans la matinée pour des interviews permettant de présenter les actrices de ce drame social en plein tournage.

LEJABY Le siège occupé


Samedi 18 septembre

Depuis vendredi les médias nationaux se font écho de l'occupation du siège de Lejaby, à Rillieux-la-Pape en banlieue lyonnaise. L'information est bien relayée sur la radio nationale de service public, France Inter sur laquelle j'ai entendu au moins à 4 reprise l'information et une interview d'une salariée qui explique comment elle se sont organisées pour permettre l'occupation, même le week-end.
En week-end sur Grenoble je décide de me rendre dès ce soir sur place pour prendre contact.
J'arrive tardivement vers 21h30. Les banderoles sur les grilles manifestent la présence des salariées. La grille est tirée. Un garde bienveillant se charge de l'ouvrir et de la refermée autant que nécessaire. Je suis accueilli à bras ouvert et sous les applaudissements de plaisir par la trentaines d'ouvrières qui finissent de prendre leur repas dans l'Algeco qui servait d'ancienne salle de réunion.
Nous échangeons nos informations. Ce soir là ce sont essentiellement les femmes de Bourg en Bresse qui occupent emmenée par leur déléguée syndicale CGT. Elles sont une trentaine appuyées par quelques unes de l'autre site de l'Ain. Yssingeaux et Le Teil ne sont pas là. Les salariés du siège (plus de 300) leur ont montré leur solidarité. Les salariées présentent occupent très pacifiquement le siège
dont les pelouses sont constellées de drapeaux syndicaux.
Les médias nationaux sont venus nombreux aujourd'hui. Et ce samedi la population de Rillieux a manifesté aussi son soutien. Les élus de tout bord participent aux conférences de presses et font savoir leurs encouragements. Le moral est bon même si les perspectives sont difficiles.

MONDI fait le marché au Teil

Vendredi 17 septembre

De retour des discussions de Lyon, les Mondi ont décidé de faire connaître leur situation de l'autre côté du Rhône.
Ils seront sur le marché provençale du Teil, ce vendredi entre 15h et 17. Peut être rencontreront-ils les Lejaby.
Des photos dès que nous en aurons.

mercredi 15 septembre 2010

Portraits sensibles 2M Bernard Tessier


Mercredi 15 septembre


Second portrait des Mondi: Bernard le délégué CFDT au CE (syndicat majoritaire sur le site de l'Homme d'Armes).


J'ai rejoint Bernard hier, à Montélimar, dans un quartier populaire périphérique ou sa famille est installée de longue date. Sa maison jouxte celle de ces vieux parents. Un grand champ dans lequel gambadent quelques chèvres naines et où des oies se dandinnent en possant du col.

Après avoir élevé ses deux filles aujourd'hui très grandes et echappées du nid, il se retrouve un peu seul dans la maison vide. Heureusement il a ses bêtes, celles du dehors déjà présentées et les trois chats qui peuplent la maison. Il y a aussi le tic-tac des réveils et des pendules que Bernard collectionnait. Mais maintenant il a arrêté. Il n'y a plus de place!
J'ai bientôt 48 ans et cela fait 27 ans que je suis chez Mondi. J'ai travaillé deux ans en hotellerie et dans le bâtiment et après j'ai trouvé l'opportunité de rentrer chez Smurfit. C'est un voisin qui m'a dit: il a des départs en pré-retraite chez Lembacel, tu devrais aller voir! Les patrons avaient le devoir de réembaucher. J'y suis allé, je me suis présenté et voilà ils m'ont pris. Je suis imprimeur, je n'ai pas de formation spéciale pour cela, j'ai appris sur le tas. Je suis Montilien et Lambacell c'est quasiment toute ma vie professionnelle.
Vous étiez déjà marié en entrant à l'usine? Quasiment puisque je me suis marié et le jour de mes 23 ans j'ai eu ma première fille Charlotte.
Qu'est-ce que vous avez trouvé à l'usine? C'était des nouveaux copains, une bonne ambiance, des bringues parce qu'on était jeunes... Il me semblait aussi que j'avais un boulot intéressant, assez autonome, où on est responsable de son travail sans toujours avoir un chef derrière soi. Les conditions de travail sont dans l'ensemble assez bonnes, Des salaires assez bas mais sur 13.5 mois, de la participation, de l'intéressement et au début pas trop de stress.
Avez-vous l'impression que les conditions de travail ont évolué? Ah oui! ca s'est vachement dégradé avec le temps. Avec toutes les certification l'ISO 9000 et maintenant le BRC, à chaque fois ils nous en rajoutent. Chez Mondi on travail sur des sacs pour l'alimentation animale et on a encore plus de contraintes que chez Autajon ou ils font les emballages des médicaments. Il faut fermer les fenêtres pour que les moustiques ne viennent pas contaminer la chaine. En hiver ca vas mais quand il fait 42° dehors vous voyez ce que cela donne! Ca devient débile, on prend plus de précaution pour les animaux que pour les hommes.
Et le travail posté? Le travail posté c'est assez difficile. On commence à prendre le rythme et voilà ca s'arrête. Le matin il faut se lever à 4h et quand on est d'après-midi et bien jamais le soir on se couche!.Pour la vie de famille il faut que ca suive, que tout le monde s'adapte. Quand on a des enfants petits il faut leur faire comprendre que" papa il dort" parcequ'il a travaillé toute le nuit, alors qu'elles, elles ont envi de s'amuser. Et pour la vie de couple c'est pareil, c'est pas facile , toujours en décalage... Aujourd'hui je suis divorcé mais je crois pour d'autres raisons.
En dehors du boulot? Avant j'habitais à Alba la Romaine. Je faisais parti du comité des fêtes. Une fois, pour tirer un feu d'artifice, j'ai été obligé de passer l'EK4 et aujourd'hui je suis aussi artificier. C'est plus un hobby, une passion. Certaines années j'y passais tous mes congés : c'était St Maxime , Monaco... tout des beaux coins que je n'aurais jamais connu si je n'avais pas été artificier. C'est cevenu un vrai travail, assez physique parce que quand on tire un feu depuis une barge en pleine mer...c'est un sacré boulot! Parfois comme à La Roche de Glun on se retrouvait à 12 artificiers.
Et avec les enfants, pas trop difficile d'être un papa seul? Ma fille ainé Charlotte avait 14 ans quand elle revenue vivre avec moi. Elle était déjà autonome. Aujourd'hui elle a bientôt 25ans. Avec son copain ils sont tous les 2 au chomâge. Elle travaillait chez Autajon en CDD et puis le contrat s'est terminé.. Ils vivent dans un joli coin un peu perdu dans la montagne: il faut garer sa voiture et faire 1 km à pied pour aller les retrouver.
Ma seconde fille, Marion, c'est une baroudeuse. Elle part en voyage parfois très loin: l'an dernier pendant 5 mois en Amérique du Sud, cette anné la Grèce en passant par l'Italie et en revenant par l'Albanie. Actuellement les vendanges en champagne, parce que ca paie bien. Elle repartira pour l'Amérique du Sud parcequ'elle n'a pas eu le temps de tout voit. Elle a un BTS de comptabilité, un CAP de coiffure et un diplôme d'aide à la personne maintenant.
Et l'engagement syndical ? il a commencé très tôt. Dans l'hôtellerie j'ai été licencié: prud'hommes etc. Quand je suis entré à Lembacel j'étais donc déjà dans le bain. Je suis délégué syndical depuis 26 ans. C'est des convictions. On veut se battre contre certaines injustices. J'ai été défenseur prud'homme pendant 20 ans. Et là les injustices on les voit tous les jours! On voit la misère des gens qui sont mis à la rue et qui sont virés comme des mal propres.
Et qu'est-ce que cela fait de se retroouver soi-même dans cette situation là? La déprime, et je suis encolère, j'ai la haine, je trouve pas normal queMondi nous rachète et 2 mois après ils virent tout le monde. Dégouté...je ne sais même pas comment traduire ce qui nous tombe sur la tête.
Dans l'entreprise les gens sont assez calmes. bien sûr ils sont tous dégoûtés aussi, bien sûr on essaie de jouer la montre et de traîner. Quand on va être au chomâge nous n'aurons pas le même salaire. Si on peut gratter un mois par ci un mois par là c'est bien. On est ous d'accord.
Vous envisagez déjà l'avenir? Moi je ne me projette pas. Je ne vois pas ce que je vais faire derrière, question d'âge, d'être obligé de tout recommencer à zéro et pour faire quoi? j'ai pas d'idée. Normalement il y a une cellule de reclassement qui devrait être mise en place. Le cabinet BPI nous a été présenté. Ils ont voulu nous vendre leur trucs. Nous ont sait qu'ils se sont occupé d'une imprimerie à Malauscène. Sur 220 licenciés ils en ont recasé 14 en CDI et une quarantaine en intérim. Tout les autres sont resté sur le carreau. Pour eux, mettre en intérim, c'est recaser! L'employeur voulait nous les imposer. On a refusé et demandé d'en voir d'autres.
De quoi sont faites vos journées maintenant? Beaucoup de contacts, avec les mairies, les élus... on essaie de taper aux portes un peu partout. Ca commence à bouger et apparment à la Sésame ca marche pas mal. Le Conseil Régional souhaite qu'on monte à Valence pour aller expliquer ce quise passe chez Mondi. On est pas mal soutenu et ca fait plaisir parceque ce n'était pas gagné.
Le chomage fait peur?
Oui le chomâge fait peur et j'ai peur de m'y installer dedans, parcequ'une fois installé dans le chomage, on, se lève plus le matin, on se coupe du monde et ca c'est dangereux, et pour retourner au boulot ca doit pas être facile.
Vous voyez votre avenir à Montélimar ou ailleurs? Eventuellement un peu autour mais pas trop loin. Je suis propriétaire de ma maison et je ne veux pas la vendre. Ici je suis chez moi, je me sent bien et j'irai pas loin. Alors j'espère un boulot et rapidement parce que je ne voudrais pas être chomeur.

mardi 14 septembre 2010

Portraits sensibles 1: Philippe Berthet des Mondi



mardi 14 septembre





Nous nous retrouvons dans le petit appartement de Philippe au centre ville de Montélimar. Il habite là, en location, depuis son mariage il y a maintenant 19 ans. Ils sont toujours ensemble avec sa femme, et maintenant avec Mathieu leur grand fils de 14 ans.

Bien qu'habitué a la prise de parole, par ses fonctions syndicales, Philippe avoue qu'il est un peu timide de nature. Et cette timidité il l'a transmis à son fils. Mais au bout d'un moment, l'un comme l'autre se feront à la présence du micro et pourront dire un peu de ce qu'ils vivent depuis l'annonce de ce licenciement qui frappe toute la famille.
"Je suis arrivé dans la Drôme en 1973. J'accompagnais mon père qui quittait son emploi d'artisan opticien dans le Jura pour prendre une place d'ouvrier opticien à Montélimar. On s'est expatrié dans le sud. C'est pas le même climat que dans le Jura. Le soleil et le vent en plus. Je suis allé jusqu'au bac que je n'ai pas eu et après j'ai fait le service militaire. Ensuite une série de petits boulot, intérimaire etc.. Je suis resté 15 mois en intérim au service expédition de Lambacell. A ce moment là ils ont acheté une nouvelle imprimeuse 8 couleurs et m'ont proposé de travailler dessus... Y pas d'école j'ai appris avec les anciens sur une machine toute électronique. L'imprimerie c'est la base de notre travail. La plus part des sacs que nous fabriquons sont imprimés: 1 ou 2 couleurs, juste du texte ou des sacs très complexes, avec des clients très importants Royal Canin, Nestlé... des clients n°1 dans ce qu'ils font dont nous devons partager la qualité de l'image de marque qu'ils veulent donner. Cela m'a beaucoup formé. En France il n'y a que 2 fabricants de sacs, nous et Gascogne dans les Landes. Smurfit a vendu ses usines en Italie et en Espagne. Et Mondi a de nombreuses unités de production dans toute l'Europe... J'avais 25 ans qu'en je suis entré à Smurfit et aujourd'hui j'en ai 46. Je pense que si je n'étais pas compétent dans mon travail je ne serais pas resté sur cette machine tout ce temps.
Et en dehors du travail? je me suis marié quand je entré à Lambacell. De ce côté ma vie n'a pas changé bien qu'autour de moi beaucoup aient divorcé. On travaille en 3 huit, une semaine le matin 5h 13h une semaine l'après midi 13h 21h et une semaine de nuit de 21h à 5h sur 5 jours par semaine, toute l'année, sans fermeture de l'usine. Parfois des heures sups s'il y avait trop de boulot et qu' avec des volontaires. Avec les années les effectifs ont diminué et les cadences ont augmenté. On est passé de 125 personnes et 4 lignes à 3 lignes et on nous demande toujours plus. Les accords nous donnent des avantages basées sur des cadences. Si on monte les cadences l'année suivante ils augmentent les objectifs. Sur la vie familiale le travail par poste a des incidences: jamais le même rythme de travail, de sommeil, d'heures de repas...j'ai pu cependant profiter de mon fils car deux semaines sur 3 je pouvais le récupérer et l'aider à travailler le soir. La nuit on pense à dormir et à la vie de couple... mais la nuit on a pas de chef ni de directeur dans les pattes. Une tranquilité qu'on a pas le jour.
Le matériel a-t-il évolué en 19 ans? Non pas du tout. En 19 ans, alors que le constructeur conseil une grosse remise en état (un "retro-fit": 60% du prix d'une neuve) tous les 10 ou 12 ans, il n'y a eu aucune remise en état. Nous en sommes au point ou les machines tiennent réellement grâce à des bout de ficelle, de scotch ou de fil de fer! C'est un peu désolant et on est obligé de prendre des risques pour faire notre boulot. Les réparations ne sont faites que quand la machine menace de s'arrêter. Il faut plus de temps pour arriver à un bon résultat.
Quelle solidarité entre les salariés qui font le poste? Je commence à faire parti des anciens. Les anciens nous passaient leur savoir faire. Il y avait un esprit d'équipe. Aujourd'hui à cause des diminutions d'effectif les équipes ne sont plus élastiques et sont souvent modifiées.
Quelles relations entre vous en dehors du travail? Dans mon cas très peu. En dehors je fais parti du syndicat, je vais au permanences de l'union locale pour aider les autres. J'aide aussi mon fils et je suis présent pour ses activités sportives et autres. Je fais aussi du bricolage.
Comment avez vous annoncé la fermeture à votre famille?. De façon un peu brutale, comme nous on l'a appris. Certain membre de ma famille l'on su dans le journal le lendemain de l'annonce par les patrons.
Vous en parlez? Pas beaucoup! ma femme a été surprise et assommée. Nos parents ont moins connu des situations semblables alors que pour notre générations, de nombreuses entreprises subissent çà. Tous les jours on entend des fermetures pour des raisons financières, à cause de la mondialisation
Et vous comment avez-vous encaissé le coup? Au début on se demande si on rêve, si on est pas entrain de vivre un match de boxe et qu'on vient de ramasser le coup de trop! Et après il faut prendre le temps de réaliser. Tant qu'on a pas vu de machine partir, de copain s'en aller, on est pas à 100% entrain de réaliser ce qui nous arrive. Je pense qu'on va en prendre conscience avec les premiers départs. Je ne sais pas si on peut se préparer à ce genre de chose. Depuis qu'on a appris la fermeture il y a 2 mois, certaines fois je me pose la question de ce que je ferais demain.
Vous avez une idée? Franchement à ce jour je n'ai aucune idée hormis de rester dans le domaine de l'impression, peut-être en quittant la flexographie pour d'autres activités d'imprimerie. Mais à 46 ans on se réoriente pas comme à 25/30 ans Plus on monte en âge et plus on se fait à l'idée qu'on finira dans la boîte où on est.
Vous auriez besoin d'être aidé et accompagné pour changer? Le plan social prévoit cela. Il y aura des possibilité de formation, de reclassement, il y aura la validation des acquis et le bilan de compétence qui devraient permettre de nous aiguiller. Mais si j'avais voulu changer de métier, j'aurais pas attendu 46 ans! On sera obligé.
Vous voulez rester sur Montélimar? j'ai toujours vécu depuis l'âge de 9 ans à Montélimar et j'aimerais y rester. Arrivé à un certain âge on a pas envie de changer de cadre, d'amis. Tout s'étudiera, quand même, fonction du poste, du salaire. Mais je préférerai rester par ici.
Et les mois à venir? Je les surveille, je les appréhende...
Et toi Mathieu, quand tu a appris que ton papa allait perdre son emploi, qu'as tu ressenti? J'ai eu peur, peur que nous n'ayons plus assez d'argent pour manger, pour boire...Je fais de l'escrime , de la flûte traversière. Ca coûte de l'argent et j'ai peur de ne plus pouvoir en faire. Et puis je sais pas si on pourra encore aller à Valence pour les tournois de carte...
Que voudrais-tu faire plus tard? Professeur de mathémathiques ou physique/chimie parce que au collège j'aime bien enseigner et la recherche? la recherche aussi cela me plairait... alors bonne chance Mathieu!

Portraits sensibles: début d'une (grande?) galerie

Mardi 14 septembre

Les Lejaby sont à Lyon pour 3 jours. Les Mondi vont y aller aussi mercredi et jeudi. Les réunions se succédent entre CCE et patrons pour préparer les plans sociaux d'accompagnement aux fermetures.

Aujourd'hui je commence une série de portrait des acteurs et des actrices de cette aventure.J'ai envie de donner chair à cette lutte en présentant toutes celles et tous ceux qui sont touchés par ces licenciements. Plusieurs fois nous avons évoqué ensemble le choc que provoque l'annonce de la perte d'un emploi souvent tenu pendant plusieurs années, parfois des décennies. C'est comme après un accident. Les traumatismes ne se voyent pas forcément à l'oeil nu. Ils sont souvent à l'intérieur. Et puis c'est si difficile d'en parler avec les autres. C'est bête, mais les personnes touchées ont un peu honte, alors qu'elle ne sont pour rien dans ce qui leur arrive. Et autour, c'est un peu comme pour les épidémies: on en parle, on en a peur, on espére toujours que cela ne nous touchera pas. Bien sûr la radio et les journaux en parlent. Mais c'est un peu virtuel, tant qu'on est pas touché soi-même.
C'est pour permettre de mieux connaître ce que chacun ressent, pour permettre à toutes celles et tous ceux qui sont touchés de pouvoir partager un peu de leur colère, de leur peine, de cette honte stupide qui ne devrait pas mais qui est là!
C'est pour faire toucher à tous la réalité des traumatismes vécus que j'ai proposé de "tirer le portrait" de chacun(e) qui acceptera de partager son quotidien de futur licencié.

Il fallait accepter de se jeter à l'eau. Ce sont Philippe et Bernard de Mondi qui les premiers ont accepté de plonger dans le bain. Qu'ils soient remerciés de se lancer ainsi. En espérant que beaucoup d'autre acceptent de les rejoindre. Bienvenue à chacun(e).

Le cours de Mondi en Bourse 510,0, çà monte toujours très bien pour les actionnaires!

lundi 13 septembre 2010

Nouvelle semaine de négociation




Lundi 13 septembre




Lejaby:


première prise de contacts. A 14h je rencontre les déléguées du personnel CFDT de l'usine du Teil. L'entreprise s'appelait Rasurel avant son rachat par Lejaby. C'est, perdu dans une zone industrielle entre voie rapide et ligne ferroviaire, un seul et même grand espace où les machines à coudre sont disposées en grappes. Elles sont 60 femmes à encore travailler là, mais plus pour longtemps si le calendrier est respecté.


La responsable de l'unité me reçoit d'un regard suspicieux. Heureusement j'ai un nom pour sésame et elle me conduit au local du CE.


Jocelyne, Bernadette et Muriel m'accueillent. Je leur présente mon travail de journaliste, le rôle, le fonctionnement et les possibilités d'une radio associative locale et le pourquoi de ma démarche. Je leur indique que les salariés de Mondi voudraient prendre contact avec elles. Nous échangeons les adresses.


La situation chez Lejaby-Rasurel au Teil à ce jour. Le plan social va toucher 197 personnes (hasard c'est semble-t-il le même nombre pour le groupe Mondy) dont 60 à l'usine du Teil qui sera totalement et définitivement fermée d'ici la fin de l'année!


Plus de la moitié des employées du Teil ont plus de 50 ans et 19 plus de 55 ans. Beaucoup ont déjà connu un premier plan il y a quelques années. Un expert comptable désigné par le CCE et un avocat d'un cabinet spécialisé de Lyon les accompagnent.


L'ensemble du plan social devrait être adopté d'ici fin septembre selon la direction. En dehors de quelques rares cas de reclassement interne possible, toutes vont se trouver avec une proposition de congé de reclassement à accepter d'ici le 15 novembre. A partir de là elles resteront à l'effectif pour 7 mois (-de 50 ans) à 9 mois (+ de 50 ans) pour un congé de reclassement (65% du salaire brut)et bénéficieront d'un dispositif d'accompagnement pour 12 mois au plus.




Les femmes de Lejaby m'apprennent qu'après la vente de Rasurel en 1995 elles sont passées d'une production saisonnière de maillots de bain et de survêtements, à une production des sous-vêtements de luxe. Elle ont réussit cette reconversion et seraient prête à de nouvelles adaptations si nécessaire. Elles ne comprennent pas que leur savoir faire, leur outil de travail et les capacités de production qu'il présente ne soit pas repris. A l'heure de la relocalisation elles pensent pouvoir rentabiliser une production en France. Elles cherchent un repreneur possible mais n'ont pas trouvé. Leur patron actuel, l'autrichien Palmers ne fait pas de production et son prédécesseur américian n'avait pas investi beaucoup. Il faudrait trouver un véritable repreneur producteur. Nous envisageons une action de communication en ce sens permettant de préciser à des tiers les qualités du site, de ses salariées, de ses équipements. A suivre.


Je reparts toujours sous l'oeil suspicieux de la chef et celui qui se veut indifférent de deux représentants des renseignements généraux qui sont là régulièrement, selon les femmes du CE. Il faut dire que les autorités, qui ne se préoccupent guère de l'avenir des salariés, sont très attentives à ce que le feu ne se répande pas et que des actions incontrôlées ne se développent.


Demain les représentantes de Lejaby Le Teil montent à Lyon pour 3 jours: préparation du CCE, choix parmi 4 cabinets de reclassement et tenue d'une réunion du CCE. Retour vendredi.




Mondi:


aujourd'hui nous avons rendez-vous pour une interview. Les locaux de la radio n'étant pas disponibles, je sort mon enregistreur à mini-disques. Autour du micro Bruno, Bernard, Philippe et Sébastien répondent à mes questions sur le choc qu'ils ont éprouvé en apprenant la fermeture de leur usine. 30 minutes de discussion ou l'émotion monte. Pour chacun cette fermeture c'est un grand traumatisme. Bruno qui est retraité depuis 2ans explique que cette boîte n' a jamais eu aucun reconnaissance pour ses employés. Après 38 ans de bons et loyaux services il est reparti sans aucun signe de la part de l'employeur dont il a fait tourner l'usine. Tous se disent dégoûtés. Bernard qui parfois venait à l'usine en sifflottant avoue aujourd'hui qu'il y vient avec des mots de ventres et parfois la nausée. Ils évoquent un de leurs copains qui traîne du côté de la voie ferrée et qui pleure parfois devant sa machine. Un espace d'écoute vient d'être mis en place à la demande du CHSCT. Dans les locaux de la médecine du travail, à Montélimar, un spécialiste Mr Lemarchand, offre une assistance psychologique pour tous ceux qui le désirent. Un licenciement collectif c'est comme une catastrophe naturelle ou un accident de la route. On en ressort en se croyant indemne et ou découvre des séquelles parfois très graves. Attention danger!




J'ai eu un petit mail d'Alain Tessier, l'homme qui a suivi le cas AZF et a accompagné la reconversion de nombreux travailleurs du site. J'en reparle avec les femmes de Lejaby et avec les gars de Mondi. Ils vont prendre contact avec lui dans les prochaines heures. A suivre là aussi.




Aujourd'hui le cours de bourse termine à 507 soit +1,46% pour la seule journée! La semaine commence bien pour les actionnaires.

jeudi 9 septembre 2010

Rencontre avec le patron France à Lyon

Mondi: pas de nouvelles , bonnes nouvelles? j'irai demain au contact pour savoir où en sont les négociations.

Le titre Mondi se porte bien 494.20 GBX il monte, il monte.


Lejaby: le contact est enfin noué. Murielle CRETEAU du CE me propose de venir lundi prochain sur place à 14h pour rencontrer les délégués du personnel.

mercredi 8 septembre 2010

Contacter les Lejaby


Le journal des Mondi et des Lejaby

Mercredi 8 septembre

Mondi Les membres du CCE sont montés sur Lyon pour préparer les rencontres avec la direction et l'élaboration des phases 2 et 3 du plan social. Les gars de Mondi ont été approchés par une personne qui a suivi de très près la castastrophe d'AZF et ses conséquences sur l'emploi à Toulouse. J'ai eu il y a 8 jours un long entretien téléphonique avec elle. Il a fallu procéder dans l'urgence au reclassement de très nombreux salariés dont les entreprises avaient été dévastées et/ou dont les emplois ne pouvaient plus être maintenus sur place. Cette personne, qui a de la famille à Montélimar, se propose d'apporter son expérience pour les accompagner et pour les conseiller dans les dispositions à exiger du futur plan social notamment en matière d'accompagnement personnalisé au reclassement.
L'offre est faite, les membres du CE vont y réfléchir.
Pour l'heure les délégués préparent les réunions très importantes de septembre et octobre.

Le titre à la bourse 488,80 GBX, en hausse.

Lejaby Aujourd'hui je cherche à prendre contact avec les Lejaby. Recherche rapide sur intenet infructueuse. Pas de Lejaby sur l'annuaire, un local de la CGT en Mairie dont le téléphone sonne... « mais y a person qui y répond! » (salut à toi Nino).
La mairie ne donne un contact téléphonique auquel je laisse un message sur répondeur. Trois heures plus tard on me rappelle. C'est le 1er adjoint de la ville du Teil dont l'épouse est une ancienne de Lejaby. Echange courtois et chaleureux . Accord pour souligner l'importance de faire connaître au plus grand nombre le désarroi et la détresse de celles et ceux confrontés au chômage.
J'ai enfin un numéro pour joindre le CE de Lejaby. Là encore choux blanc. Mais ne désespérons pas le contact est pour bientôt.

Un 7 septembre de lutte et de solidarité


Le journal des Mondi et des Lejaby

Mardi 7 septembre 2010
Mondy: Premier contact direct. Jusqu'alors je n'avais eu que des échanges téléphoniques. Aujourd'hui jour de grève et de mobilisation nationale contre la réforme gouvernementale des retraites, les Mondi de l'Homme d'Armes sont mobilisés. Toute la matinée ils ont préparés banderolles et teeshirts. Le temps est gris. L'orage gronde dans le ciel. La détermination est là. C'est l'occasion de se faire entendre. Les gars d'Aouste sur Sie les ont rejoint.

A 14h tous se dirigeants vers la place du Théâtre à Montélimar second lieu aprèsValence de rassemblement. Petit à petit la foule enfle. Le ciel est de la parti qui reste gris mais ne pleure pas.

15H le cortège démarre. Les Mondi sont juste après la banderole de l'inter-syndicale. Comme la foule ils sont nombreux et heureux enfin de pouvoir sortir de l'isolement dans lequel ils se ressentent. Ce matin au local du CE , Philippe, Rémi, Bernard, Alain, Jean-François et les autres m'ont dit combien ils se sentaient seuls. ... « On a contacté les élus, les maires, les députés mais ont dirait que tout le monde s'en fout... Personne ne nous répond vraiment à part un conseiller génral qui nous accompagne depuis le début. Les autres, on ne les voit pas. On leur fait peur? Le chômage, les licenciements çà semble virtuelle quand on ne le vit pas vraiment. On entend çà tous les jours à la radio et à la télé mais tant qu'on est pas directement touché on croit que çà n'arrive qu'aux autres.. »

Voilà ce sont des bribes de nos premiers échanges.

Nous nous sommes donné rendez-vous le 13 septembre pour nous retrouver autour des micro de la radio locale de Montélimar Radio M 88.3 sur la bande FM. Ce jour là nous approfondiront ce ressenti et les gars de Mondi pourront dire à tous les auditeurs ce qu'ils vivent en ce moment.

Sur leurs conseils je vais prendre contact avec les filles de Lejaby qui, de l'autre coté du Rhône, au Teil en Ardèche, vivent la même chose qu'eux depuis avril dernier.

Le 17 août l'action Mondi, libellée MNDI GB00B1CRLC47, affichait l'indice 487,40 GBX à la Bourse de Londre, son plus haut depuis février 2009 (tombée à 123,50 dans la tourmente financière internationale) et quasiment son niveau d'avant la crise (489,50 le 28/08/2007). Elle a augmenté de 23% dans les 3 derniers mois!

Naissance d'un journal de bord



Forts de ce constat, au sein de notre petite agence de presse APIS (l'info locale et solidaire), nous avons décidé d'accompagner les travailleuses de Lejaby et les salariés de Mondi. Chacun de lecteurs de ce blog pourra ainsi mesurer la détresse des boat peoples de l'économie: abandonnés dans leur navire-usine, ballotés dans la tempête des restructurations et des investissements aveugles, espérant encore l'hypothétique repreneur qui leur ferait à nouveau toucher terre et sortir du cauchemard éveillé qu'ils sont obligés de vivre.

Pour l'heure "elles-ils" souffrent, "elles-ils" ont peur, "elles-ils" ne savent pas de quoi sera fait demain.
C'est le journal de bord de leur difficultés, mais aussi de leur combat et de leurs espoirs que nous voulons écrire avec eux, au jour le jour, au travers de ce blog.

Bonne lecture à tous

Pourquoi ce blog


Montélimar le 6 septembre 2010

MONDI/LEJABY

Chroniques croisées d'un démantèlement annoncé de l'activité industrielle en Drôme/Ardèche ou les conséquences cruelles et très concrètes de la financiarisation et de la mondialisation réunies.

2008: le groupe français LEJABY contrôlé par l'Américain Warnaco depuis 1996 est revendu à l'autrichien Palmers. Avril 2010 au prétexte d'une situation économique désastreuse Palmers décide de supprimer 197 des 693 postes France. Ne resteront que le siège social (336 emplois Rillieux la Pape Rhône) et une usine désignée pilote (Yssingeaux Hte Loire, dont l'élu par hasard siège au gouvernement! Selon que vous serez puissant ou misérable...). Les misérables l'ont bien compris qui, abandonnées dans l'Ain ou en Ardèche, sont 197 a se voir désigné la sortie et offrir pour remerciement de bons et loyaux services, certaines depuis 40 ans, l'inscription à Pôle Emploi.

2010: le groupe Smurfty Lambacel, n°3 européen du papier/carton d'emballage, négocie le rachat de ses activités Europe de l'Ouest (France, Espagne, Italie) au groupe australo-anglais MONDI. L'acquisition est effective en mai. Début juillet le Comité Central d'entreprise est informé d'un plan social: suppression définitive de 2 des 4 sites de production France. Les 2 sites de la Drôme, Aoust sur Sie 25 salariés et L'Homme d'Armes 85 salariés, fermeront définitivement en avril 2011. L'entreprise existait en Drôme depuis le siècle dernier, crééeau début par les ciments Lafarge (Le Teil 07) pour fabriquer les sacs nécessaires à emballer sa production.


Déjà les parallèles s'esquissent.
D'une part des entreprises familiales, des innovations techniques débouchant sur des réussites économiques, un développement nationale puis internationale et aujourd'hui l'arrivée de nouveaux investisseurs, âpre au gain, qui cherchent à rentabiliser leur achat.
D'autre part des femmes et des hommes du cru, indissociables de la réussite industrielle des premiers, par leur fidélité, leur ténacité au travail, leur attachement à l'entreprise. Aujourd'hui ils ne sont plus que des grands accidentés de l'industrie, broyés par les licenciements aveugles d'une gestion financière qui s'impose comme modèle à l'ensemble de l'économie.

Cette confrontation, ce gâchi, dont nous sommes tous témoins, il est important que nous en gardions trace, pour les faire connaître, pour que chacun(e) se fasse son opinion et contribut à ce que ce monde, un jour peut-être, puisse enfin changer!

Jean-Noël Chassé

A.P.I.S. Associaiton Populaire d'Informations Solidaires
Radio M radio associative libre Montélimar bande FM 88.3